Zohra Drif répond à Yacef Saâdi, Gilbert Meynier et Mohamed Harbi

En réponse aux propos pour le moins controversés tenus récemment par l’ancien chef de la Zone autonome d’Alger durant la guerre de Libération nationale, Yacef Saâdi, la moudjahida Zohra Drif s’est défendue ce dimanche, en affirmant que les deux lettres évoquées comme étant ses propres correspondances adressées à Hassiba Ben Bouali ont été en fait fabriquées par le service de l’Action psychologique de l’armée coloniale. S’appuyant sur les investigations de l’historienne Malika El-Korso, Zohra Drif a saisi l’opportunité que lui a offert la semaine culturelle, organisée par l’Anep à Alger, pour donner sa version des faits après les accusations d’une gravité extrême lancées par Yacef Saâdi. Un sujet qui, dit-elle, a été largement abordé dans son livre Mémoires d’une combattante de l’ALN. Zone autonome d’Alger, édité chez Chihab. Yacef Saâdi l’avait accusée d’avoir rédigé et envoyé deux lettres à Hassiba Ben Bouali, lui demandant de se rendre à l’armée française. La veuve de Rabah Bitat affirme que ces deux lettres dont on parle «ce sont très clairement des lettres écrites par l’Action psychologique» de l’armée coloniale, faisant le lien avec la fameuse opération baptisée «la Bleuite» et destinée à casser par le biais de la propagande, de la désinformation et de la manipulation le combat libérateur. «La Bleuite, soutient-elle, a démarré de la Casbah. Ils l’ont commencée avec nous et, quand ils ont détruit la Zone autonome, ils l’ont étendue aux Wilayas historiques III et IV». La moudjahida apporte même quelques menus détails pour contrecarrer la version de Yacef Saâdi qui fait d’elle une délatrice de l’armée coloniale. «Je ne peux pas avoir écrit à Hassiba alors que je n’étais pas arrêtée et que nous vivions ensemble tous les jours, tous les soirs, et que c’était pour un travail que je me trouvais dans la maison de Fatiha Bouhired, et que Hassiba et Ali se trouvait en face», indique-t-elle. Une réponse qui sonne aussi comme une mise au point aux historiens Gilbert Meynier et Mohamed Harbi qui soutiennent cette thèse. Et pour mieux se défendre de l’attaque dont elle a été victime de la part d’un compagnon d’arme, Zohra Drif-Bitat se réfère aux travaux effectués par l’historienne Malika El-Korso qui a travaillé sur le sujet. «Elle m’a expliqué qu’elle avait ces lettres depuis déjà trois ou quatre ans. Et elle m’a dit où elle les a trouvées. Mme El-Korso l’a dit publiquement dans un entretien accordé au journal El Khabar et dans une contribution parue dans Liberté. Elle m’a révélé qu’elle a trouvé ces deux lettres dans une boîte portant la mention Action psychologique», explique Zohra Drif. A Harbi et Meynier qui ont écrit dans leur livre que les lettres controversées auraient été écrites probablement l’une le 18 et l’autre à la mi-septembre, Zohra Drif se montre catégorique. «Le 18 et la mi-septembre j’étais en liberté, et j’étais avec Hassiba, avec Ali, avec le P’tit Omar, avec Mahmoud (Allah yarhamhoum), et je ne vois pas pourquoi, alors que j’étais en liberté, j’aurais écrit à Hassiba pour lui dire de se rendre aux Français», se défend-elle, estimant que cette manipulation des services de propagande coloniale a précipité l’effondrement de la direction de la Zone autonome.
A. Sadek
 

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