Portrait – Hamrouche : de l’engouement politique à la prédilection pour l’observation et le silence

Mouloud Hamrouche, l’ancien chef de gouvernement sous Chadli Bendjedid, revient de façon inattendue et énigmatique sur la scène politique. Dans une sorte de message codé en prévision de la prochaine présidentielle, il intervient dans le débat politique chahuté qui a lieu en ce moment, sans vraiment dévoiler une quelconque stratégie ou ambition claire. Ses paroles aux multiples acceptions, ses tournures ambiguës laissent les observateurs les plus avertis dans le doute et ajoutent à la confusion et au flou ambiants. Ces dernières années, l’homme a été sollicité à maintes reprises par ses soutiens indéfectibles, mais il préférera la discrétion. Le réformateur de la fin des années quatre-vingt, le chef de gouvernement évincé en pleine tourmente islamiste en 1991, le candidat déçu à la présidentielle de 1999, ne communique qu’en cercle restreint, voire intime, et face à un auditoire souvent acquis et respectueux de son parcours. L’ancien chef de gouvernement qui a pris pourtant des décisions d’envergure durant sa vie d’homme d’Etat, de l’ouverture démocratique applaudie par tous, dès 1989, aux positions plus controversées, proches du clan des réconciliateurs avec le FIS, au milieu des années 90, s’est cantonné depuis l’arrivée de Bouteflika au pouvoir dans une réserve qui tranche avec l’idée que les plus jeunes peuvent se faire d’une personnalité ayant tant compté dans la tentative de démocratisation de la société. Hamrouche a même essayé, comme il le rapportait lui-même le 8 juin 2002, lors du forum du quotidien El-Khabar, de créer une formation politique. «J'avais l'intention, après les présidentielles de 1999, de créer un cadre politique, de le structurer et de rassembler le grand nombre de sympathisants et de militants», déclarait-il, révélant, alors, que la raison qui l'a poussé à renoncer à cette idée était due à l'échec des tentatives menées par d’autres personnalités politiques et dont les demandes d'agrément ont été tout simplement rejetées. Depuis cette date, l’engouement politique de l’homme s’est comme mué en une prédilection pour l’observation et le silence, malgré les sollicitations nombreuses. Hormis quelques sorties publiques à l’occasion de conférences économiques, Hamrouche semblait avoir définitivement mis fin à sa carrière politique et à toute ambition de se voir propulser à la tête de l’Etat. Et alors que personne ne l’attendait, voilà qu’il se décide à rompre ses vœux dans une déclaration publique qui lui permet surtout de se rappeler au souvenir de l’armée et se positionner en tant que potentiel candidat au prochain scrutin pour la magistrature suprême. Si sa candidature se confirme et si elle trouve les échos souhaités, Hamrouche part déjà gagnant au moins sur le plan du sponsoring médiatique, que ne manqueront pas de lui assurer les médias. Dans le milieu de la presse justement, le père des réformes, comme on aime à l’appeler, jouit d’une aura certaine grâce à la promulgation de la loi sur la liberté de la presse de 1990. Sa campagne se fera donc sous les meilleurs auspices.
Meriem Sassi
Demain :
Ali Benflis
 

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