Le staff de Bouteflika recrute des jeunes qu’il paye 200 dinars pour chaque imprimé signé en sa faveur

Tout porte à croire que la campagne de Bouteflika ne se déroulera pas comme les précédentes. Des indiscrétions qui nous parviennent de différentes sources proches de son aréopage indiquent, en effet, que les responsables des partis qui ont été chargés de la collecte des signatures, ont dû recourir à l’intéressement de centaines de jeunes à travers les wilayas, recrutés pour ce faire. Une somme de 200 DA est payée en contrepartie de chaque signature glanée auprès des citoyens en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika, a-t-on constaté. Au FLN, parti dont se réclame le Président, Amar Saïdani a centralisé les formulaires à son niveau, exigeant que les militants se déplacent au siège central du parti pour les signer, alors qu’auparavant, cette mission était dévolue aux mouhafadhas et aux kasmas. Par ailleurs, le staff de campagne de Bouteflika semble avoir des difficultés à «embaucher» des professionnels pour une durée de trois mois, afin de gérer les aspects administratifs de la campagne électorale. Ceci, au moment où, apprend-on encore, d’anciens ministres et des membres des directions de certains partis inféodés au clan présidentiel «proposent leurs services» et tentent ainsi de gagner une place au sein de l’équipe appelée à mener campagne à la place du président impotent, incapable de remplir cette obligation lui-même, en raison de sa grave maladie. Si du côté professionnel, le travail était facilité par l’administration, avec ses composantes civile et militaire, mises entièrement au service du candidat président d’office durant les trois premières élections de 1999, 2004 et 2009, la présidentielle d’avril prochain est, elle, amputée d’une partie de cette «machine» dédiée à la victoire de Bouteflika. Non seulement le président sortant est loin de faire l’unanimité au sommet de l’Etat, mais beaucoup de voix s’élèvent pour dénoncer ce qui est qualifié d’«usurpation» du pouvoir par une «caste» qui veut maintenir le statu quo pour des intérêts personnels. Contrairement aux précédentes échéances, où seule une certaine élite s’était opposée à l’élection puis aux réélections successives de Bouteflika, son absence prolongée et son incapacité à diriger le pays lui-même dans un contexte dangereux qui menace jusqu’à l’intégrité du pays, inquiète au plus haut degré une bonne partie de la population. Une inquiétude ressentie à travers les réseaux sociaux, mais aussi dans la rue, où le citoyen lambda peine à admettre qu’un président de la République soit phagocyté par son entourage au point de parler en son nom et d’annoncer une candidature à la fonction suprême en lieu et place de l’intéressé.
Karim Bouali

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