La révolte des lycéens à Béjaïa se transforme en insurrection et rappelle les évènements de 2001

Les élèves de terminale ne veulent plus croire aux assurances du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui leur avait promis que rien ne sera changé à leur emploi du temps et qu’ils devraient passer leurs examens dans les meilleures conditions. Dans la wilaya de Béjaïa, le mouvement de contestation lancé par les lycéens, il y a une semaine, commence à dégénérer. Ainsi, après plusieurs jours d’affrontements violents avec les forces de l’ordre, au chef -lieu de la wilaya et le retour au calme, la révolte des lycéens s’est propagée à d’autres localités, comme El-Kseur, Amizour et Sidi-Aïch. La ville d’El-Kseur (20 km à l’ouest de Béjaïa) a vécu une soirée agitée, où des groupes de jeunes, rassemblés au centre-ville dès le début de l’après-midi, s’en sont pris notamment au commissariat de la ville et tenté d’y mettre le feu en jetant des cocktails Molotov. Les forces antiémeutes ont été appelées en renfort pour tenter de disperser une foule de plus en plus compacte. Les scènes de violence rappellent aux habitants de cette localité les douloureux événements du printemps 2001, dont cette petite ville était devenue le fief symbolique. Telle une traînée de poudre, la contestation a rapidement atteint la ville voisine d’Amizour, où des lycéens, soutenus par d’autres jeunes, se sont rassemblés durant toute l’après-midi et ont occupé la principale artère de la ville. Au même moment, les lycéens de la ville de Sidi-Aïch, à une trentaine de kilomètres de là, ont fermé pendant plus de deux heures l’accès au centre-ville, sans provoquer d'incident majeur. Les jeunes lycéens promettent d’élargir leur mouvement de contestation jusqu’à la satisfaction de toutes leurs demandes. Sans encadrement ni plateforme de revendications claire, la contestation des élèves candidats au bac prend peu à peu la forme d’une insurrection juvénile, similaire à toutes celles qu’à connues l’Algérie ces deux dernières décennies. Ce qui fait craindre une manipulation politique ou un détournement à des fins étrangères aux problèmes que vivent les jeunes lycéens, à un moment où la scène politique, à la veille d’une élection présidentielle incertaine, ne manque pas de raisons de créer un climat délétère propice à toutes les manœuvres.
Rabah Aït Ali

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