Polémique autour d’un supposé appel de Djamila Bouhired pour une marche contre Bouteflika
L’opposition à un quatrième mandat prend de l’ampleur. Mais elle donne aussi lieu à des controverses autour de l’organisation des sit-in et autres manifestations pour dénoncer l’entêtement de Bouteflika et de son régime à pérenniser le système actuel. C’est dans contexte agité que le nom de Djamila Bouhired a été cité à travers les réseaux sociaux. L’ancienne moudjahida, dont la renommée a dépassé la frontière, aurait lancé un appel pour un rassemblement à Alger-centre prévu le 15 mars prochain. Mais cette dernière a démenti être derrière cette invitation à manifester contre un quatrième mandat pour le président sortant. Djamila Bouhired, qui se trouve actuellement à Ghaza, dans le cadre d’une mission de soutien à la cause palestinienne, aurait indiqué aux militants de Barakat, une organisation créée récemment pour appeler au départ de Bouteflika du pouvoir, qu’elle attendait de rentrer au pays pour organiser une conférence de presse, au cours de laquelle «elle va tirer au clair toute cette histoire». Un membre de Barakat a, en effet, déclaré à la chaîne de télévision française France 24 qu’il n’avait lui-même pas assez d’éléments pour confirmer ou infirmer cet appel à un sit-in émanant de Djamila Bouhired. Des sources interrogées par Algeriepatriotique n’ont pas caché leur inquiétude quant à des tentatives de certains cercles de profiter de l’ambiance délétère qui règne dans le pays depuis plusieurs mois pour s’engouffrer dans la brèche. Ces sources évoquent notamment les ONG qui ont tenté de semer le désordre en Algérie dans le sillage du printemps arabe en janvier 2011. «Trois ans plus tard, le pouvoir en place leur offre l’occasion d’actionner leurs éléments qu’ils ont formé depuis longtemps, attendant juste le moment propice pour agir», soulignent nos sources, pour qui «la démarche obtuse de Bouteflika de vouloir coûte que coûte aller vers un quatrième mandat ouvre la voie à un grand risque de dérapage, sachant que les ONG subversives Otpor (Canvas), Freedom House, Friedrich Hebert, etc., sont aux aguets». «Si elles ont échoué en 2011, parce que les Algériens craignaient que le pays sombre dans le chaos, notent encore nos sources, cette fois-ci, elles comptent sur la colère des citoyens qui refusent le fait accompli que leur impose le clan au pouvoir et qui ne croient plus en ce président, considérant qu’il a isolé le patron des services secrets parce qu’il s’est attaqué à la corruption.» Nos sources citent notamment les affaires Sonatrach, impliquant Chakib Khelil, et le dossier de Générale des concessions agricoles (GCA), ces fonds destinés au financement de projets entrant dans le cadre du développement de l'agriculture rurale détournés par Amar Saïdani. Il faudra attendre le retour de Djamila Bouhired pour savoir si elle a réellement pris l’initiative de fédérer la société civile autour du mot d’ordre contre le maintien de Bouteflika au pouvoir ou non. L’ancienne moudjahida avait annoncé que si jamais le président en exercice se portait candidat à sa propre succession, malgré sa grave maladie et son incapacité à diriger le pays, elle serait la première à marcher contre cet affront fait au peuple. A-t-elle subi des pressions ? A-t-elle changé d’avis ? Des cercles occultes tentent-ils de récupérer sa colère pour embraser la rue ? Nous le saurons bientôt.
Karim Bouali