Barakat !

L’Algérie est devenue la risée des autres pays à cause des compatriotes insensés. En effet, ces derniers s’acharnent à maintenir au pouvoir un vieillard de 77 ans, incapable de marcher, ni de s’adresser à sa communauté. Pour justifier ce choix, ils glorifient leur candidat, tout en qualifiant de «traîtres» les opposants de ce «Carnaval fi dechra». Pour voir qui est qui, le mieux est de revisiter le passé.

L’Algérie est devenue la risée des autres pays à cause des compatriotes insensés. En effet, ces derniers s’acharnent à maintenir au pouvoir un vieillard de 77 ans, incapable de marcher, ni de s’adresser à sa communauté. Pour justifier ce choix, ils glorifient leur candidat, tout en qualifiant de «traîtres» les opposants de ce «Carnaval fi dechra». Pour voir qui est qui, le mieux est de revisiter le passé.
Le 1er novembre 1954 fut un signal donné par la direction du FLN originel (Ben Boulaïd, Ben M’hidi, Bitat, Boudiaf, Didouche, Krim) afin de mettre fin au joug colonial. En 1956, le Congrès de la Soummam était venu organiser la Révolution en unifiant le commandement à l’échelle nationale (intégration du Sud : wilaya VI), peut-être, pour la première fois de notre histoire. Le CCE (Comité de coordination et d’exécution), composé de cinq membres (Abane, Ben M’hidi, Ben Khedda, Dahleb, Krim), en fut l’organe de direction. Celui-ci sera remplacé, en 1958, par le GPRA (gouvernement provisoire) sous la présidence de Ferhat Abbas, puis de Ben Khedda jusqu’au cessez-le-feu du 19 mars (1962). Là, d’autres acteurs entrèrent en jeu afin d’accaparer le pouvoir : le «clan d’Oujda», sous le commandement du colonel de l’ALN ayant acquis ses galons hors du champ de bataille (Maroc). Son secrétaire, Abdelaziz Bouteflika, fut chargé de trouver une couverture politique en rendant visite aux illustres prisonniers, en France. Après le refus de Boudiaf, il contacta le futur président qui sauta sur l’occasion. Ce fut le «putsch de l’été 1962» qui évinça les vrais dirigeants (GPRA), sous la pression de l’armée des frontières fortement équipée. La wilaya IV (Algérois), commandée par le colonel «Si Hassen» (Dr Khatib) tenta de s’opposer à cette progression vers la capitale : près d’un millier de moudjahidine tombèrent au champ d’honneur à El-Asnam. Le peuple écœuré sortait dans la rue en criant : «7 ans barakat !» (ça suffit).
Le nouveau pouvoir prit le peuple en otage jusqu’au soulèvement populaire du 5 octobre 1988, ayant fait près de 500 victimes. Le «Printemps algérien» mit fin au monopole du parti unique (néo-FLN) pour instaurer le multipartisme. L’ouverture démocratique ne durera que deux années : les intégristes, voleurs de la démocratie (comme en Tunisie, Egypte, Libye), décrétèrent que la démocratie est «kofr» (impie) en nous promettant une dictature théocratique, comme en Iran. Ce fut l’interruption du processus électoral qui nous plongea dans une spirale infernale. Mais grâce aux «ridjal waqifoun» (hommes et femmes debout), civils ou militaires, la République fut sauvée. Le président Liamine Zeroual rétablit l’ordre, instaura l’alternance au pouvoir, grâce à une Constitution limitant les mandats à deux, puis démissionna afin de passer le flambeau. L’armée fit appel à A. Bouteflika qui jura la main sur le Coran qu’il respecterait la Constitution. Durant son second mandat, il fut tenté par la présidence à vie (à l’exemple de Ben Ali, Moubarak, Kadhafi) : il «bricola» la Constitution afin de sauter le verrou limitant la durée, grâce à une Assemblée «beni-oui-oui». Il entama le 3e mandat de trop qui fut néfaste à sa réputation… Affaibli, il est devenu l’otage des usurpateurs de la Révolution et des «bouchkara» (adeptes de l’argent sale) qui luttent pour sauvegarder leur impunité. Au lieu d’opter pour l’ouverture démocratique, on choisit la marche à rebours de l’Histoire… Devant cet état de fait, les patriotes jaloux de leur pays se mobilisent de nouveau pour remédier à l’infamie, car ils sont les continuateurs de Boudiaf, Abane, Ben M’hidi… En effet, lors de la guerre politico médiatique algéro-égyptienne, ils ripostèrent aux troupes de Moubarak pour défendre notre dignité, tandis que les actuels partisans du 4e mandat et leur ENTV étaient couchés. Au plus fort du «printemps arabe», les apparatchiks de l’ex-parti unique tremblaient pendant que nous appelions les Algériens au calme et à la retenue, car notre pays n’a pas besoin de la violence, ni de l’anarchie. Dernièrement, «l’irresponsable» du néo-FLN attaqua vigoureusement nos services de sécurité en les accusant de «négligence» dans la protection des étrangers (siège de l’ONU, Tibhirine, Tiguentourine). Cet acte déplacé pourrait déstabiliser notre armée. Pourtant, cet individu est présentement dans la direction qui pilote l’élection du candidat tant décrié. En 1962, l’auteur de ces lignes, qui était alors un adolescent de 14 ans, s’était rendu à la place «du Cheval» (place des Martyrs) pour crier : «7 ans barakat !». Samedi passé, il est allé devant la fac centrale afin d’exhiber un écriteau : «15 ans barakat !». Aujourd’hui jeudi, il retournera pour dire pacifiquement : «52 ans barakat !».
Boudjema Tirchi
 

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