Il ne faut pas que l’effondrement du régime entraîne celui de l’Algérie

Le 17 avril prochain, les Algériennes et les Algériens sont conviés à avaliser un nouveau coup de force. Plutôt qu’une élection, c’est d’un plébiscite à la nord-coréenne dont il sera question. Au-delà de la fraude, c’est l’ensemble du processus qui est disqualifié. Car, ce qui est contestable, ce n’est pas tant l’absence d’un dispositif de contrôle de l’opération de vote, c’est avant tout l’absence de conditions politiques minimales – libertés d’organisation, de réunion, de manifestation…– permettant un choix libre et conscient. La dérive est donc totale : le régime dans une dangereuse fuite en avant prend en otage tout un pays et l’expose à la dislocation. Devant le vide politique et institutionnel, en l’absence de contre-pouvoir et d’une société civile autonome, les tendances centrifuges ne feront que se renforcer. Les courants antinationaux, logés dans les niches sensibles du pouvoir et actionnés par des officines étrangères, trouvent un terrain politique fertile pour affaiblir encore davantage ce qui reste des institutions du pays et soumettre définitivement l’Algérie aux intérêts étrangers. Et si l’institution militaire se trouve au cœur d’un vaste plan de déstabilisation, la responsabilité incombe en premier lieu aux «appareils de sécurité» qui n’ont pas hésité à l’instrumentaliser dans une guerre contre les civils et à la transformer en un bouclier de protection d’un régime finissant.
Périsse l’Algérie plutôt que le système !
Plus de cinquante ans après l’indépendance, notre pays continue d’être administré selon des méthodes héritées du colonialisme : violence politique, clientélisme, tribalisme, corruption. Les richesses du pays, au lieu de financer un programme de développement national, sont détournées au profit de nouvelles couches parasitaires, des «Lumpen-bourgeoisies» antisocial et antinational. Ce cannibalisme politique et économique, qui se nourrit d’un affaissement moral et politique affolant, ne semble pas trouver de résistance, y compris au sein de prétendues «poches patriotiques» du système. L’affrontement actuel entre les différents segments du pouvoir, loin d’être un conflit politique ou idéologique, concerne avant tout le monopole de la rente et des circuits de la corruption. Dans un environnement géopolitique des plus instables, face aux menaces qui pèsent sur l’intégrité territoriale et l’unité du pays, l’irresponsabilité actuelle des dirigeants du pays est synonyme de trahison envers la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour que l’Algérie devienne libre et indépendante.
Que faire ?
Avant tout, sortir de l’agitation politicienne, des jérémiades anti-«clan présidentiel», du faux débat sur le 4e mandat. Ensuite, rassembler les segments éparpillés de l’opposition autonome, au-delà des différences idéologiques et se poser en alternative au chaos programmé. Il ne faut pas que l’effondrement du régime entraîne celui de l’Algérie.
Samir Bouakouir
Ancien porte-parole du FFS

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