Nouvelles manifestations à Batna : les excuses de Sellal n’ont pas réussi à calmer les esprits

Les manifestations se multiplient à Batna, capitale des Aurès, pour dénoncer le dérapage verbal commis par l’ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui, avec son esprit taquin, avait moqué les Chaouis en les traitant de «hacha rezq rebbi» (sauf votre respect). Aujourd’hui dimanche, des dizaines d’étudiants de l’université de Hadj-Lakhdar de Batna ont organisé une marche pour protester contre les propos de Sellal, en scandant des slogans raillant l’ex-Premier ministre (désigné par «faqkakir») et appelant Zeroual et Ben Boulaïd (premier chef de la Wilaya I historique) au secours. Après le sit-in des artistes à Batna, hier samedi, d’autres rassemblements sont prévus dans les wilayas de Batna, Khenchela et Oum El-Bouaghi. Les excuses officielles de l’actuel directeur de campagne de Bouteflika et la présence à ses côtés d’un historique des Aurès, le colonel Zbiri, lors du meeting de la Coupole, ne semblent pas suffire pour calmer les esprits. N’ayant pas retenu la leçon de ses multiples loufoqueries qui ont fini par faire de lui la risée publique, Abdelmalek Sellal ne savait pas qu’il jouait avec le feu en lançant sa dernière boutade sur les Chaouis, face à la caméra. Pourtant, il sait – pour y avoir été confronté en tant que Premier ministre – que le glissement dangereux qu’ont pris les événements de Ghardaïa et de la vallée du M’zab est bien le résultat de cette sensibilité communautaire qui, dans d’autres pays ou dans d’autres circonstances, engendre des pulsions meurtrières autrement incontrôlables. A moins que le pouvoir tente de manipuler les sentiments des Algériens à des fins bassement politiciennes, en ranimant l’esprit régionaliste au sein de la classe dirigeante – pas totalement acquise – pour mieux la dominer. Il se trouve aussi que les maladresses verbales sont le trait caractéristique du gouvernement Sellal. En effet, cette équipe cumule des boutades au mauvais goût : les facéties à répétition du Premier ministre qui s’est moqué, tour à tour, du Coran, des Chinois qu’il a traités, une fois, de «patates» devant la caméra, et celle de son fringant ministre du Développement industriel, Amara Benyounès, qui, dans un discours de précampagne à la salle Atlas, a lâché cette phrase qui n’a pas fait rire les Algériens : «Yenaal bou li ma-yehebnach !» (Littéralement : maudits soient ceux qui ne nous aiment pas). Cette expression populaire est rarement dite dans le sens d’une insulte, mais sortie de la bouche d’un membre du gouvernement, elle est perçue comme un manque de respect pour ses concitoyens. Style de communication ou gouvernement gauche, dans tous les cas de figure, le discours politique du pouvoir n’a jamais atteint des niveaux aussi bas, depuis peut-être la dernière réunion du CNRA à Tripoli, où les dirigeants de la Révolution – censés être des exemples de probité et de vertu –, qui se préparaient à prendre les destinées de l’Algérie indépendante, se sont jeté des anathèmes en pleine séance. Le groupe de Tlemcen, représenté par Ahmed Ben Bella, n’acceptait, déjà, aucun avis contraire, fut-ce celui du président du GPRA, pourtant dépositaire de la légitimité. L’Algérie vivait alors sa première crise de pouvoir dont nous subissons encore les conséquences.
R. Mahmoudi
 

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