Manque de courage

Par Kamel Moulfi – Que serait-il passé si, en guise de consigne de vote pour l’élection présidentielle du 17 avril, le Forum des chefs d’entreprises avait lancé aux patrons qui le composent, «débrouillez-vous !» ? Comme l’a fait, pour ses adhérents, l’Organisation nationale des moudjahidine qui a osé, dans son premier appel, déserter le chantier de construction du consensus autour de la candidature à un quatrième mandat de Bouteflika. Les dirigeants du FCE ont bien tenté de faire reculer l’heure de vérité, peut-être dans l’espoir que les données du problème posé par la maladie du Président changeraient subitement, les libérant de l’argument majeur brandi par les patrons opposés au quatrième mandat. Mais, au contraire, l’épisode de la présentation de son dossier de candidature par Bouteflika lui-même, devant le Conseil constitutionnel, a plaidé dans le sens contraire. L’insistance de Sellal à expliquer que le président-candidat n’était pas obligé de participer à sa propre campagne électorale a été un autre facteur qui aurait dû peser au moins pour la neutralité chez le FCE. La réapparition d’Ahmed Ouyahia à un poste clé de l’Etat a achevé l’espoir de rallier au vote pro-Bouteflika, un nombre suffisant de membres de cette organisation. On sait que l’ancien chef du gouvernement, nommé directeur de cabinet à la Présidence, a très peu d’atomes crochus avec le patronat. Le FCE n’a pas eu le courage, prisonnier de ses habitudes et de sa proximité avec le pouvoir, de prendre une position indépendante qui aurait mieux traduit l’opinion des chefs d’entreprise. Il sort amoindri de cette épreuve. On le verra demain à l’occasion de la rencontre avec Abdelmalek Sellal, directeur de campagne de Bouteflika. A ce propos, rien n’interdit à Ali Benflis ni à un autre candidat de faire la même chose. La comparaison entre les rencontres des candidats ou de leurs représentants avec le FCE pourrait même avoir valeur de test pour l’organisation patronale.
K. M.
 

Commentaires

    Abou Stroff
    17 mars 2014 - 13 h 40 min

    les « patrons » algériens n’ont
    les « patrons » algériens n’ont pas du tout manqué de courage. il n’ont fait que défendre leurs intérêts bien compris. en effet, dans une société moderne basée sur le travail, les patrons, les ouvriers et les citoyens en général ont, grâce à ce qu’ils produisent, leur mot à dire concernant leur représentations au sein des sphères dirigeantes. ils élisent leur dirigeants qui doivent oeuvrer pour défendre les intérêts de ceux qui les élisent. par contre, dans une société basée sur la distribution de la rente, ceux qui contrôlent la dite distribution contrôlent et la société et les individus, ces derniers pouvant être patrons, ouvriers, fonctionnaires ou hittistes. dans ce cadre d’analyse, les « patrons » algériens n’ont de patron que le nom. ils sont plutôt les « clients » de la marabunta qui nous gouverne et qui les nourrit en leur distribuant des miettes (des miettes?) de rente. à ce titre, les « patrons » se plient en quatre pour satisfaire les desiderata de ceux qui les ont métamorphosés en patron (qui ne produisent quasiment rien, mais là, c’est une autre histoire) après qu’il n’aient été que de simples vanupieds. moralité de l’histoire: en algérie, un vanupied peut devenir un grand patron en un clin d’oeil. il suffit qu’il « connaisse » une grosse légume (un wali, par exemple) qui lui refilera un marché de gré à gré pour que ce vanupieds se transforme en « notable du coin ». n’est ce pas ainsi que des abrutis doublés d’imbéciles notoires sont devenus incontournables dans la boulitique de l’âne-géré?

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