Des jeunes militants dissidents du RND soutiennent Benflis

Ulcérés par ce qu’est devenu le parti, quelque soixante-dix jeunes ex-militants du RND défendent haut et fort leur choix de soutenir le candidat à l’élection présidentielle du 17 avril prochain Ali Benflis. Dans une déclaration parvenue à notre rédaction, le coordinateur national du Mouvement du salut et du rajeunissement du RND, Adnane Melah, répond fermement aux déclarations véhémentes de la porte-parole du parti, Nouara Djaffar, laquelle refuse de reconnaître la qualité de militants à ceux qui ont rallié un autre candidat que celui soutenu par la direction nationale. «Qui est Nouara Djaffar pour qu’elle ose nier la qualité de militants à ces jeunes qui ont apporté leur soutien à un autre candidat, Ali Benflis en l’occurrence, par contrainte et dépit ?» s’interroge-t-il. Cet ancien membre du Conseil national de la jeunesse souligne dans ce sillage le peu d’implication de Mme Djaffar dans les activités du parti. «Elle était absente depuis sa nomination comme ministre. Les rares fois où elle apparaît au sein des structures du parti, c’est quand il y a un événement majeur. D’ailleurs, elle n’est nullement connectée à la base militante», dénonce Melah, considérant ainsi que le fait qu’elle soit porte-parole du RND «est plutôt un signe de décadence» du Rassemblement. Adnane Melah précise encore une fois que les jeunes militants du RND sont victimes de toutes les formes de l’exclusion et de la marginalisation. Et si aujourd’hui ils rallient un autre candidat que celui choisi par la direction, c’est pour afficher leur désaccord avec celle-ci et dénoncer sa politique de gestion basée sur la cooptation, la servilité et l’allégeance. «Si la direction soutient publiquement le candidat Bouteflika, elle travaille contre lui à travers sa politique de démembrement du parti et de l’exclusion de sa jeune base militante», relève non sans dépit le jeune Melah, qui met en avant la déviation du RND de ses valeurs fondatrices et la consécration à travers ses structures de l’opportunisme politique. Le coordinateur du Mouvement des jeunes révoltés du RND considère le dernier congrès tenu en décembre dernier comme antidémocratique. Il atteste que 60% des membres du conseil national n’ont pas été issus du vote de la base. Autrement dit, ils n’ont pas la légitimité nécessaire pour prendre des décisions au sein des militants du parti. «Certains membres n’ont même pas milité au RND. D’autres n’ont de lien avec le parti que le poste qu’ils occupent au Conseil de la nation à côté de leur chef Abdelkader Bensalah», regrette-t-il. Pour illustrer encore la déliquescence du RND, Adnane Melah met en avant le rôle secondaire et amoindri confié au SG Abdelkader Bensalah dans la campagne électorale pour le candidat Bouteflika. «Si le SG du FLN va animer 37 meetings, celui du MPA et celui du TAJ 31, notre SG n’a été chargé que de 7 meetings. Comment peut-on expliquer cela ?», se demande-t-il, tout en relevant la présence en force dans la direction de campagne de Bouteflika de cadres militants marginalisés au RND. Des cadres comme Abdeslem Bouchouareb qui ne sont pas traités à leur juste valeur par la direction actuelle, poursuit-il. Ainsi, pour ce jeune Melah, le RND, qui jouait les premiers rôles du temps d’Ahmed Ouyahia, a été réduit à exécuter des missions subalternes. Adnane Melah dit ainsi inscrire son mouvement dans le cadre de la remise sur les rails du parti. «Avant sa démission, Ahmed Ouyahia nous avait appelés à défendre les valeurs fondatrices du parti et à agir pour corriger la moindre déviation de cette ligne directrice», souligne-t-il. Pour lui, Ahmed Ouyahia était plus qu’un militant. «Il était un grand stratège, porté sur l’avenir que constituent les jeunes militants du RND», affirme-t-il. Adnane Melah, qui accuse ainsi la direction actuelle d’avoir exclu ou marginalisé les jeunes, a vertement critiqué ses positions sur les événements nationaux. Ainsi, il se démarque, entre autres, des critiques acerbes et attaques virulentes de la direction du parti contre le mouvement des jeunes Barakat. Tout en affichant ses divergences de vue par rapport à la perception de la situation politique de l’Algérie, Melah défend le droit de ce mouvement à s’exprimer et à se battre pour ses idées et ses convictions de manière pacifique. La jeunesse algérienne est, selon lui, politiquement mûre, appelant ainsi l’ancienne génération à lui faire confiance en la laissant travailler pour l’avenir du pays. La sortie de ce représentant des jeunes révoltés du RND risque de faire jaser davantage au sein de la direction du parti. Abdelkader Bensalah a eu déjà à dénoncer Ali Benflis en l’accusant de vouloir manipuler la jeune base militante du RND à des fins électoralistes.
Sonia Baker
 

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