La succession d’Abdelmalek Sellal à lui-même présage un maintien du gouvernement actuel

Le gouvernement Sellal post-17 avril sera-t-il remanié en profondeur ou sera-t-il maintenu en l’état ? Il n’y a pas d’indications qui feraient pencher la probabilité vers l’une ou l’autre hypothèse, mais une analyse de la composition du gouvernement actuel et de ceux qui l’ont précédé peut, elle, déterminer les choix à venir de Bouteflika. La décision de «restituer» à Abdelmalek Sellal son bureau du Palais du gouvernement n’est pas une surprise. Le directeur de campagne de Bouteflika avait été chargé de deux missions avant la présidentielle. La première consistait à faire le tour des wilayas pour préparer le terrain au candidat du système – c’est-à-dire lui-même ou, en cas de «pépin», Bouteflika, bien qu’impotent. Puis, appelé à mener campagne pour le président sortant, il s’est démené pour «vendre» un quatrième mandat indéfendable. Le large sourire qu’il a arboré hier, à la fin de la cérémonie de prestation de serment, traduisait un grand soulagement. D’abord parce que le Président venait de réussir un périlleux exercice physique suivi en direct et qui aurait, s’il y avait eu le moindre faux pas, réduit à néant le travail laborieux effectué depuis plusieurs mois. Ensuite, Abdelmalek Sellal voyait dans cette ultime scène en public du Président malade la fin de sa seconde mission qui devait déboucher – comme prévu – sur sa reprise de fonction à la tête du gouvernement. Il faut savoir, à ce propos, que l’information a circulé hier au Palais des nations et que la diffusion par l’agence officielle APS de la dépêche annonçant la reconduction de l’ancien Premier ministre n’était qu’une simple formalité. Quant au gouvernement, sa nature et sa composition suffisent à déterminer les choix futurs du président de la République qui, depuis son avènement au pouvoir, s’est astreint au même jeu d’équilibres. Il ne faudra donc pas s’attendre à de grands changements. Seront maintenus à leur poste tous les ministres qui rivalisent avec le chef de l’Etat en termes de longévité et qui semblent moins rattachés au Premier ministère qu’à la Présidence. Cette liste de ministres «inamovibles» comporte les vétérans Mohamed-Cherif Abbès et Abdallah Ghlamallah ; les dévoués Tayeb Louh, Tayeb Belaïz, Khalida Toumi, Amara Benyounès, Amar Ghoul et Abdelkader Messahel ; le technicien Karim Djoudi qui, s’il devait quitter l’Exécutif, le ferait à sa propre demande pour raison de maladie ; les ministres dont le maintien ou le remplacement n’influence en rien les objectifs de Bouteflika dans le cadre de sa nouvelle feuille de route, à l’image de Youcef Yousfi, Ramtane Lamamra, Abdelmadjid Tebboune, Abdelatif Baba Ahmed, Mustapha Benbada, Mohamed Benmeradi ; les ministres issus de l’administration nommés lors du dernier remaniement et qui ont pour mission de gérer des départements techniques dont les problèmes semblent insolubles, notamment le secteur de la santé. Deux ou trois ministres n’appartenant à aucune de ces catégories intégreront sans doute l’Exécutif, en guise de reconnaissance pour leur soutien actif au clan présidentiel. Il en irait ainsi des deux lièvres, Louisa Hanoune et Abdelaziz Belaïd, et de quelques grosses fortunes. Reste le très sensible poste de vice-ministre de la Défense nationale. Le président Bouteflika, qui s’est appuyé sur Ahmed Gaïd-Salah depuis son AVC pour empêcher toute tentative de recours à l’article 88 de la Constitution, devra, maintenant qu’il a passé le cap du quatrième mandat, soit la garder à la tête de l’état-major de l’ANP et désigner un nouveau vice-ministre de la Défense, soit continuer à lui confier cette mission éminemment politique et nommer un nouveau chef d’état-major. Il existe une troisième possibilité : celle de le mettre carrément à la retraite vu son âge avancé.
Karim Bouali
 

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