Admission au gouvernement : un nombre de courtisans trop élevé pour des places limitées
Remaniera, remaniera pas ? Les membres du gouvernement qui veulent absolument rester et les acteurs sollicités pour mener campagne – en public ou derrière le rideau – en faveur de Bouteflika ont l’estomac noué. Les premiers ne savent pas si le Président a – oui ou non – décidé de remanier le gouvernement «en profondeur», comme le laissent entendre certains, ou s’il a choisi de continuer à travailler avec la même équipe. Les seconds trépident d’impatience de rejoindre l’Exécutif pour la première fois ou d’y revenir. Parmi ces militants des partis qui ont scellé une alliance conjoncturelle dans le cadre du quatrième mandat, le FLN et le RND se disputent la part du lion. La rumeur parle, côté RND, de membres du conseil national dont le nom serait inscrit sur les tablettes du président de la République. Tandis qu’au FLN, Amar Saïdani multiplie les «revendications» pour la constitution d’un gouvernement éminemment politique, au sein duquel sa formation devra être majoritaire. Les deux formations qui se sont jointes à l’alliance, le MPA d’Amara Benyounès et TAJ d’Amar Ghoul, en remplacement du MSP, comptent elles aussi tirer les dividendes de leur soutien plus qu’actif en faveur du quatrième mandat. Ces deux partis espèrent bien décrocher au moins un portefeuille supplémentaire chacun. Au MPA et à TAJ, s’ajoute désormais le FFS, qui semble avoir «négocié» son «silence», et le Parti des travailleurs de Louisa Hanoune, dont on ne sait toujours pas si elle s’est présentée à la présidentielle en tant que candidate à part entière ou comme «leurre» pour faire diversion. Si ce parti d’extrême gauche a, depuis longtemps, accepté d’intégrer le Parlement sans aucune influence, plusieurs indices montrent qu’il pourrait désormais être représenté au sein du gouvernement à travers un ministère technique tout symbolique ou un secrétariat d’Etat. L’ANR n’est pas en reste, puisque Belkacem Sahli ne voudra pas être oublié par l’entourage du Président en charge de constituer la liste des heureux «élus» et qui devrait comporter aussi un ou deux éléments du parti d’Abdelaziz Belaïd, l’autre «lièvre» à l’élection du 17 avril. Quant aux ministres en poste, des sources concordantes ont «confessé» à Algeriepatriotique qu’ils «sont sur des charbons ardents» et qu’ils s’échinent à essayer de connaître les intentions du «grand manitou» à leur égard. Parmi ces ministres «rongés par le doute», il y a ceux dont la nomination a été dictée directement par le président de la République et qui n’ont aucune attache politique, ceux issus des partis politiques qui savent pertinemment qu’ils devront passer la main et, enfin, les «technocrates» appelés à la rescousse lors du dernier remaniement ministériel, le temps pour le président Bouteflika de redessiner sa carte politique. Aussi, si changement de gouvernement il y aura, il ne sera en rien un élément constitutif d’une mutation du paysage politique et encore moins d’un renouvellement de la classe dirigeante dans le sens d’une meilleure efficacité ou de la rénovation d’un mode de gouvernance patriarcal primitif et complètement improductif.
M. Aït Amara