Ils sont déçus

Par Kamel Moulfi – L’après-17 avril était attendu dans la rue, tout indique qu’il a commencé dans le sérail. On devine facilement la déception des partis – dirigeants et militants – qui ont porté le président Bouteflika vers un quatrième mandat, quand ils ont pris connaissance de la composition du nouveau gouvernement. FLN, RND, MPA et TAJ, ne parlons pas de l’ANR ni des autres petites formations politiques insignifiantes, n’ont pas eu la récompense sans doute promise, en tout cas sûrement espérée, de voir propulser dans l’Exécutif leur clientèle. Le clan présidentiel a gardé l’essentiel des postes, les ministères de souveraineté, maintenu le minimum pour ses alliés principaux et «monnayé» le reste avec la société civile, dans sa partie «opportuniste» et vulnérable aux offres de services du pouvoir quand elles permettent de satisfaire de petites ambitions, de diverses natures. Amar Saïdani a bien tenté de rassurer les militants sur le caractère provisoire de cette équipe dirigée par Sellal, alors que le RND a préféré taire sa désillusion, mais trop de faits indiquent que l’«Alliance présidentielle», de fait, ne sert à rien quand il s’agit des questions sérieuses, comme celle du pouvoir. Il est significatif que dans la communication officielle hésitante qui a accompagné l’annonce de la constitution du nouveau gouvernement, deux personnalités clés, Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem, dont les fonctions sont proches de la Présidence, aient été oubliées, alors que l’Exécutif est présidé par le chef de l’Etat. Au FLN et au RND, les répliques aux opérations de «redressement» qui ont éjecté leurs responsables respectifs, Belkhadem et Ouyahia, justement, n’ont pas fini de secouer ces deux partis qui forment la majorité parlementaire du Président. La pression exercée par l’opposition, dans ses deux ailes, celle qui a appelé au boycott de l’élection présidentielle et celle qui a refusé de participer au gouvernement, ajoutée aux perturbations liées aux luttes intestines au sein du FLN et du RND et à la désaffection probable des petites formations alliées, non récompensées, ne manqueront pas d’avoir un impact déstabilisateur sur le gouvernement.
K. M.
 

Commentaires

    mellah hocine
    7 mai 2014 - 15 h 00 min

    Après avoir apporté son
    Après avoir apporté son soutien, quasiment indéfectible, à la coalition Ben Bella-Boumediene en 1962, Ferhat Abbas jette l’éponge.
    Nonobstant le soutien de Ferhat Abbas à la coalition Ben Bella-Boumediene lors de la crise de l’été 1962, son respect au peuple algérien le détache rapidement de ces assoiffés du pouvoir, dont la satisfaction de leur égo relègue l’avenir de l’Algérie au second plan.
    Tout compte fait, ces pratiques antidémocratiques, selon lui, conduisent indubitablement à l’instauration d’une République bananière. En effet, à défaut que les chefs soient l’émanation du peuple, les vainqueurs de la crise de l’été 1962 recourent sans vergogne à la cooptation. Celle-ci, fait remarquer Ferhat Abbas, aboutit à la formation de la « République des Camarades », contre laquelle tout Algérien a le devoir de s’élever.
    Hélas ! cinquante deux ans après la dénonciation des dérives personnelles, la situation en Algérie reste inchangée. Et le moins que l’on puisse dire c’est que le peuple algérien aura du pain sur la planche s’il veut recouvrer la liberté effective.
    En effet, quand un pays fait des mauvais choix, les erreurs se payent cash. Dans le cas algérien, la propension de certains dirigeants à asseoir un pouvoir personnel va engendrer une crise insoluble dont les futures générations payeront le prix fort, comme le souligne Ferhat Abbas : « Ceux qui l’ont [le peuple] privé de la parole, qui l’ont empêché d’exercer ses responsabilités, avec l’arrière-pensée de vivre comme des rois et de régner sur l’Algérie, ont commis une faute grave. Une faute dont nos enfants supporteront les conséquences. »

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