Des affaires de corruption impliquent le russe VimpelCom : l’Algérie sera-t-elle encore touchée ?

Actualisé – Le géant de la téléphonie mobile russe VimpelCom auquel l’Etat algérien, par le biais du Fonds national d'investissement (FNI), vient de s’associer à travers le rachat de 51% des parts de l’opérateur Djezzy, est épinglé depuis quelques mois, pour plusieurs affaires de corruption en Europe et aux Etats-Unis. Plusieurs enquêtes ont été, en effet, ordonnées notamment pour versement de pots-de-vin en Suisse, en Suède, en France et aux Pays-Bas. Le groupe russe a confirmé lui-même l’information en indiquant, selon la presse suisse, avoir reçu une lettre du gendarme boursier américain, la Securities and Exchange Commission (SEC), l'informant d'une enquête aux Pays-Bas et aux Etats-Unis, liée à ses activités en Ouzbékistan. En Suisse, selon la presse helvétique, les soupçons de blanchiment portent sur des actes ayant eu lieu dans le marché des télécommunications en Ouzbékistan et des biens et avoirs estimés à plus de 658 millions d'euros. Selon le journal La Tribune de Genève, l'opérateur suédois TeliaSonera est aussi mentionné dans cette enquête qui porte sur des contrats de plusieurs centaines de millions de dollars, passés depuis 2007, pour l'accès au marché ouzbek des télécommunications. En Suède, la justice enquête depuis septembre 2012 sur un montant jugé exagéré qu'a payé TeliaSonera pour acquérir une licence 3G. Face à ces révélations de corruption et à leurs ramifications en Russie, il est à se demander si l’Etat algérien ne risque pas de se retrouver, encore une fois, dans une situation inconfortable dans le partenariat concernant l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy. Par deux fois, en tout cas, l’Etat algérien semble avoir été embarqué dans une association périlleuse avec un partenaire englué dans des affaires de corruption. En se «débarrassant» de l’encombrant Naguib Sawiris qui a réussi à s’installer en maître absolu dans le secteur des télécoms malgré un parcours entaché de scandales à travers le monde, pour mettre en pratique ensuite ses méthodes scabreuses et ses détournements évalués à 230 millions de dollars, au détriment du fisc algérien, voilà que le gouvernement algérien se retrouve face à un nouvel associé tout aussi suspect. Les affaires de corruption révélées en Europe et les sommes faramineuses détournées sous forme de bakchichs versés dans des comptes bancaires en Suisse ne laissent présager rien de bon. La transaction coûteuse conclue récemment pour un montant de 2,6 milliards de dollars avec Global Telecom Holding, filiale de VimpelCom pour le rachat des parts de Djezzy, ne risque-t-elle pas, en plus d’entraîner le pays dans une autre entreprise pour le moins aventureuse ?
Une transaction juteuse
Le géant de la téléphonie mobile russe VimpelCom n’aurait jamais pensé pouvoir conclure une aussi avantageuse transaction avec l’Etat algérien. En cédant 51% des parts de l’opérateur Djezzy au Fonds national d’investissement (fonds publics), le groupe russe a engrangé des bénéfices inespérés. Sur les colonnes de Jeune Afrique, Maria Samir, analyste chez Beltone Financial, décortique cette transaction et assure que le prix de cession, à savoir 2,643 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros), était beaucoup plus supérieur à celui attendu. Autrement dit, l’Etat algérien a racheté trop cher la filiale Djezzy par rapport à sa valeur réelle. Cerise sur le gâteau, VimpelCom recevra avant fin 2014 1,9 milliard de dollars d'OTA au titre des dividendes. Le total dépasse 4 milliards de dollars. Cette analyste estime que le groupe russe ne pouvait pas espérer mieux, lui qui était en position de faiblesse dans la négociation en ce sens que la licence d’exploitation détenue par l’OTA (Djezzy) expire en 2016 et que son renouvellement n’est pas gagné d’avance. Cela d’autant plus que Djezzy a un sérieux litige avec le fisc qui réclamait le paiement des arriérés d'impôts. L’experte affirme que «le prix de vente, qui implique une valorisation nette de 100% d'OTA à 5,182 milliards de dollars, est supérieur à nos attentes, qui tournaient autour de 3,9 milliards». «Global Telecom Holding (GTH, ex-Orascom Telecom) va pouvoir rembourser un prêt d'actionnaire accordé par VimpelCom, ce qui diminuera ses charges financières de près de 300 millions de dollars par an», relève-t-elle encore. Autre bénéfice inespéré pour le groupe russe, Maria Samir cite le cours boursier de GTH qui réalise, grâce à la superbe affaire de Djezzy, son plein potentiel. «Au-delà de la vente de la participation de Djezzy, la société a des activités solides dans les marchés en croissance, en Algérie, au Bangladesh et au Pakistan, où la 3G décolle tout juste – ou le fera bientôt – et où les filiales de GTH disposent de parts de marché importantes», affirme-t-elle. Comment VimpelCom a-t-il réussi un tel «coup» juteux ?
Meriem Sassi et Sonia B.

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