Vérités et mensonges sur la restructuration du DRS : manipulation, publicité ou erreur de jugement ?

La restructuration du DRS revient de façon récurrente au-devant de la scène. Sujet tabou, les changements opérés au sein de cette institution qui cultive le secret sont désormais traités par les médias et ouvertement commentés par les citoyens à travers les journaux électroniques et les réseaux sociaux. Mais beaucoup de contrevérités se glissent subrepticement ou par ignorance dans ce flux d’informations qui foisonnent à travers les moyens de communication modernes, estiment des sources au fait des questions d’ordre militaire et sécuritaire. Parmi ces approximations qui dénaturent l’information et induisent l’opinion publique en erreur, la confusion entre CEMO (commandement des états-majors opérationnels, créé dans le cadre de la lutte antiterroriste au Sahel) et CEM (chef d’état-major de l’ANP), les structures hiérarchiques de dépendance des directions de la sécurité extérieure (espionnage), de la sécurité intérieure (contre-espionnage), de la sécurité de l’armée (renseignement militaire), etc. Annoncée en grande pompe avant l’élection présidentielle du 17 avril dernier, la «nouvelle» de la restructuration du DRS devait servir à conforter le candidat Bouteflika qui, affaibli, avait ressenti le besoin impérieux de prouver, aussi bien à l’opinion nationale qu’internationale, qu’il avait la haute main sur tous les commandements de l’armée et, par ricochet, sur le «tout puissant» et «mythique» parton des services secrets, le général Toufik. Une démonstration de force qui occulte sciemment le fait que les services de renseignement, s’ils sont positionnés au ministère de la Défense nationale, sont en réalité sous l’autorité du président de la République et que les directions du contre-espionnage et de la sécurité intérieure dépendent, depuis 1989, de la seule autorité du chef de l’Etat. Quant au patron du DRS, son rôle s’est limité à assurer une coordination intégrant la Direction centrale de la sécurité militaire (DCSM) dans les différents segments des services de renseignement.
Défense nationale : ce n'est pas qu'une affaire de l'armée
Lors de son passage sur Ennahar TV en juillet 2012, le général à la retraite Khaled Nezzar avait évoqué, pour la première fois en public, la question de la restructuration des services de renseignement algériens. L’ancien ministre de la Défense sous Chadli était revenu sur le concept de défense nationale, expliquant que celui-ci ne concernait pas uniquement les services de sécurité. C’est l’affaire de tous les citoyens, avait-il insisté, préconisant une gestion de la sécurité des institutions sensibles de l’Etat, qu’elles soient politiques, économiques ou autres, par des représentants internes et non plus par des militaires : «Monsieur Défense nationale doit faire partie de l’institution même et devra subir une formation en la matière.» «Les prérogatives de sécurité de l’Etat relèvent aussi des politiques et ces derniers doivent assumer pleinement leurs responsabilités», avait-t-il souligné, avant de rendre un hommage soutenu à Chadli Bendjedid «qui a permis la restructuration de l’armée, laquelle a conduit à la centralisation du commandement au niveau de l’état-major.» «Une restructuration, explique-t-il, qui nous a fait éviter le pire durant les douloureux événements d’octobre 88.» Ce rappel des déclarations de l’ancien homme fort de l’armée sur les services secrets algériens balaie toutes les informations distillées ici et là, qui tendent à faire croire que la restructuration du DRS serait le fait du Président actuel. Le changement de responsables à la tête de certaines directions du Département du renseignement et de la sécurité, voire une éventuelle mise à la retraite du général de corps d’armée Mohamed Mediene (dit Toufik), ne signifie nullement une refonte du DRS par Bouteflika, puisque cette réorganisation a été décidée il y a de cela un quart de siècle, mais elle a été retardée par les événements tragiques qu’a connus le pays. Bien au contraire, le président Bouteflika semble ne pas avoir eu suffisamment de courage ou de maîtrise, durant ses trois précédents mandats, pour appliquer un plan ficelé depuis belle lurette.
M. Aït Amara

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