La réconciliation ne réussira pas tant que les islamistes continueront à nier leur responsabilité

«La réconciliation ne doit pas tenir compte uniquement de l'avis des islamistes, elle doit passer par toutes les autres franges de la société qui constituent, en réalité, la majorité des citoyens, surtout les victimes du terrorisme qui se comptent par milliers de personnes», a indiqué une source autorisée à Algeriepatriotique. Si, comme le rappelle Merouane Azzi, le président de la cellule d'assistance judiciaire pour l'application de la charte pour la paix, seulement une vingtaine de personnes refusent d’être indemnisées, «doit-on pour cela sacrifier l'entente entre les Algériens ? Doit-on priver de leurs droits civiques 98% des éléments du FIS qui sont rentrés chez eux après l’arrêt du processus électoral et qui n'ont rien à se reprocher ?»» s’est interrogée notre source peu convaincue, par ailleurs, par les derniers appels à une amnistie générale. «Il est vrai que le FIS a été dissous et il n'est pas question de son retour, mais doit-on priver la majeure partie des anciens membres de cette mouvance d’être des citoyens à part entière ?» s’est encore demandé notre source, qui dénonce, au passage, les anciens dirigeants du FIS «qui occupent les plateaux de télévision et les colonnes de certains journaux ou qui se réunissent avec des partis dans le but de se remettre en selle». Ces derniers «surfent sans vergogne sur le sang de dizaines de milliers d'Algériens victimes de la décennie noire, inventent des arguments, dénoncent les soi-disant éradicateurs, alors que les militaires ne l'ont jamais été et les citoyens dont ils ont applaudi le massacre non plus», fulmine notre source qui rappelle qu'il y a eu en Algérie une lutte contre le terrorisme, comme cela se passe de par le monde, «car le terrorisme est aveugle». «Tant que ceux dont les mains sont maculées du sang des Algériens, ceux qui ont commandité les crimes ou qui les ont encouragés continueront de considérer l’arrêt du processus électoral comme un coup d'Etat et de parler de spoliation du FIS, tout effort tendant à aboutir à une véritable réconciliation sera vain», avertit notre source, ajoutant que «tant que ces responsables de la décennie de sang sont dans le déni de leurs torts, ils ne rechercheront pas l’intérêt du vivre-ensemble» et feront échec à la réconciliation. Pour notre source, «tous les islamistes dans le monde, que ce soit en Tunisie ou ailleurs, revoient leur copie suite à leur échec. Les islamistes algériens devraient en prendre exemple pour s'intégrer et s'arrimer à la société». Si les erreurs cumulées depuis 1962, l'obstination du FLN à se maintenir coûte que coûte au pouvoir, les erreurs de la gouvernance de Chadli et ses corollaires, l’inexistence de la société civile ainsi que les événements de 88 sont en partie les ingrédients de la tragédie nationale, «c'est en faisant table rase des arguments avancés par les uns et les autres sur ces tristes événements que nous pourrons dire oui à de nouvelles décisions sans tomber dans la compromission». Notre source évoque également la nécessité d'assainir la mémoire de tout un chacun, surtout celle des nouvelles générations sur les véritables raisons qui ont conduit à l’arrêt du processus électoral il y a 22 ans : «Ces raisons ont été occultées à dessein pour servir une certaine idée de la sacro-sainte réconciliation nationale», souligne notre source qui estime, enfin, que «c’est en assimilant l'enjeu de janvier 1992 que l'Algérie verra la réconciliation nationale confortée».
Karim Bouali
 

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