Terrorisme au Sahel : des experts se réunissent à Alger

Une soixantaine d’experts nationaux et étrangers se penchent à l’hôtel Sheraton d’Alger sur le crime transnational en général et le terrorisme en particulier. Organisée par le Centre américain des études stratégiques pour le Proche-Orient et la région de l'Asie du Sud (NESA), en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères, cette rencontre débat vise, en effet, à approfondir la réflexion sur le phénomène du terrorisme qui menace l’Afrique du Nord et la sous-région. D’éminents professeurs algériens, américains, tunisiens, marocains, libyens, mauritaniens et égyptiens auront à analyser avec minutie ce qui se passe actuellement près de nos frontières et dégager des pistes de travail pour juguler ce phénomène et enrayer la menace terroriste. Ce forum, quatrième du genre après ceux de Bangkok, Amman et Rome, se veut un espace de débat pour converger les points de vue sur les moyens de faire face au risque d’une instabilité chronique dans la région. Le choix de sa tenue en Algérie n’est pas fortuit. Il est presque dicté par le contexte régional dans lequel le seul pays qui jouit d’une stabilité relative est l’Algérie. Un pays sur lequel comptent beaucoup les Etats-Unis et la France pour contribuer à la pacification de la Libye et au retour de la paix au Mali. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui a apporté sa contribution à ce forum à travers un discours lu par le directeur général Amériques, Ahcène Boukhelfa, a bien résumé la situation et soulevé les enjeux auxquels est confrontée la région. Il a surtout dit la vérité qui n’est pas toujours bonne à entendre, à savoir que le fameux «printemps arabe», fortement soutenu par l’Occident, a permis aux groupes terroristes de renforcer grandement leurs capacités de nuisance. «Ce qui est communément appelé le printemps arabe a permis aux groupes terroristes locaux d'accroître leur influence idéologique et leur force matérielle, aggravant l'ampleur des défis à relever», a indiqué M. Lamamra pour lequel les menaces terroristes sont devenues «plus complexes et transnationales, notamment en Afrique du Nord et dans la région du Sahel avec tous ses enchevêtrements liés au crime organisé». Le ministre a insisté sur les conséquences de l’attaque de l’Otan contre la Libye. Il a mis en avant ce «nouveau front d'instabilité» lié à la situation libyenne qui a eu des répercussions régionales prévisibles et contre lesquelles l'Algérie avait mis en garde». Désormais, la zone d'insécurité s'est élargie à l'ensemble de l'Afrique du Nord, du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest où prospèrent des activités criminelles et terroristes. L’effort à faire est colossal et l’Algérie ne pourra pas l’assumer seule. «La relocalisation des réseaux d'Al-Qaïda en Afrique et l'extension des activités de Boko Haram jusqu'en Afrique centrale nous interpelle à propos de la vulnérabilité des Etats subsahariens, d'où l'urgence de l'évaluation réelle de la menace et d'une prise en charge effective et soutenue des besoins des Etats et des populations de la région», a-t-il encore dit. Pour M. Lamamra, «la guerre contre le terrorisme et ses crimes connexes doit être permanente et coordonnée car, a-t-il expliqué, les groupes terroristes disposent de relais qui leur permettent de s'adapter à toute évolution de la situation». Autrement dit, l’Algérie et ses alliés ont du pain sur la planche pour endiguer la menace terroriste et faire face à la prolifération des groupes terroristes souvent connectés à la contrebande.
Rafik Meddour
 

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