Lettre d’un Franco-Algérien à Algeriepatriotique

Chers amis patriotes algériens,

Chers amis patriotes algériens,
Etant un lecteur peu assidu de votre site, mais qui le consulte parfois pour me tenir informé de l’actualité algérienne, j’ai été extrêmement surpris de tomber sur l’entretien accordé par Jean-Marie Le Pen à Algeriepatriotique. J’ai pu constater que l’idée que se faisaient les Algériens de Jean-Marie Le Pen avait évolué en fonction du contenu de cet entretien. Le lecteur algérien est tout aussi partagé que le citoyen franco-algérien en France sur la personnalité de Jean-Marie Le Pen. La participation de Jean-Marie Le Pen au conflit algérien et son rôle dans la question de la torture restent des points de friction dans la société algérienne tout comme dans la société française. Ensuite, la question de son absence de repentance vis-à-vis de la guerre d’Algérie interpelle nombre de citoyens algériens. Pour avoir été proche de Jean-Marie Le Pen de 2011 à 2013, je souhaitais vous apporter un témoignage direct de qui est réellement Jean-Marie Le Pen. Certains, par lâcheté intellectuelle, crieront que je suis un vendu, mais le but de ma démarche n’est pas d’encenser Jean-Marie le Pen mais de rétablir quelques vérités.
Lors de ma première rencontre (froide et glaciale) avec Jean-Marie Le Pen, j’ai abordé la question de la torture et de la perte de son oeil lors du conflit algérien. Sans faux-semblants, comme il l’a fait lors de votre entretien, il m’a réitéré sa version des faits. À titre personnel, il n’a pas été le bourreau sanguinaire tant décrié par la presse de gauche française du fait que sa présence à Alger n’a été que de courte durée. Ce qu’il admet publiquement, c’est que l’usage de la torture s’était imposé comme moyen de collecter des renseignements. D’ailleurs, il reconnaîtra en ma présence que des soldats avaient été impliqués dans des pratiques de tortures sans que lui-même prenne part à ces séances de torture. Il faut souligner que le premier article décrivant Jean-Marie Le Pen comme un féroce tortionnaire a été publié par le journal de gauche Libération, qui, comme on le sait, a toujours fait de la lutte contre Jean-Marie Le Pen son fonds de commerce. Pose de bombes dans des établissements publics, crimes contre des instituteurs, des fonctionnaires et des civils, banalisation de la torture… tout cela s’est inscrit dans un contexte de guerre dont les deux parties ne peuvent prétendre à une absolution. De plus, les dix années de guerre civile qui ont frappé l’Algérie nous ont rappelé que l’on pouvait être Algérien tout en tuant et torturant son propre frère. Certaines investigations menées par des journalistes (Gilles Bresson, Christian Lionet) malmènent la version médiatique officielle de la participation du soldat Le Pen dans des actes de torture. Moi-même, je fus surpris d’apprendre que la perte de son oeil n’avait pas été le fait d’un glorieux patriote dans le maquis algérien, mais dans une rixe à Paris pour protéger un ami algérien, Hamed Djebbour, qui deviendra député grâce à Jean-Marie Le Pen. Autre détail très peu connu du public algérien et français, c’est lorsque Jean-Marie Le Pen fut sollicité par l’OAS pour intégrer les commandos Delta, ce dernier accorda une fin de non-recevoir à cette organisation occulte. En tant que soldat, Jean-Marie Le Pen considérait que la guerre avait ses règles et ses principes moraux. C’est ce qui fait qu’il était très apprécié des prisonniers égyptiens lors du conflit du canal de Suez car il enterrait ses adversaires selon les rites islamiques (lavages mortuaires, prière avec un imam et inhumation des corps en direction de La Mecque). Quant à la question de la repentance, va-t-on reprocher au soldat Le Pen d’avoir été loyal envers son pays ? Devrait-on demander aux révolutionnaires algériens de se repentir d’avoir ébranlé le régime colonial ? Après tant de sacrifices consentis et en obtenant son indépendance, l’Algérie n’a besoin de la repentance de personne. Je tenais aussi à insister sur le fait d’être détenteur de la double nationalité française et algérienne, que mon épouse vient d’Algérie et que j’ai des attaches familiales très fortes dans ce pays. Cependant, si je suis Français par les papiers je le suis aussi par le cœur. C’est ce qui a plu immédiatement à Jean-Marie Le Pen et c’est ce qu’il attend de chaque enfant de l’immigration. Au moment de nos rencontres, j’assumais les fonctions de secrétaire général d’une mosquée à Marseille, mes enfants étaient éduqués dans les préceptes musulmans et ma femme portait le voile islamique. Pourtant, Jean-Marie Le Pen a souhaité continuer à entretenir une relation cordiale avec moi et a commencé à prendre en compte l’idée que l’on pouvait être franco-algérien et musulman sans pour autant représenter une menace pour la France. J’ai fait visiter ma mosquée à des élus de son parti, j’ai organisé des débats entre responsables religieux et représentants du FN et j’ai demandé que son parti ne stigmatise plus des populations qui respectent la France et ses lois. Il y a un fait que ne peuvent pas prendre en compte les citoyens résidant en Algérie, c’est qu’en France nous brillons par notre absence en matière d’images positives. Au-delà des débordements qui émaillent les matchs avec l’Algérie, nous avons une boule au ventre à cause des comportements des Algériens en France. Nous sommes terrorisés à chaque fait-divers en priant que ce ne soit pas l’un des nôtres qui a perpétré une tuerie, un viol ou un assassinat. Malheureusement, trois fois sur cinq, c’est un Maghrébin qui défraie la chronique judiciaire et qui alimente les ressentiments des Français à l’égard des Franco-Algériens. À Marseille, les clandestins ont colonisé les rues de la ville au point d’avoir complètement défiguré certains secteurs de notre ville. Sans ressentir aucune pitié, ils agressent des hadjas âgées, insultent des jeunes adolescentes maghrébines et commettent toutes sortes de larcins… Si les Français en ont marre, nous aussi… Quelle image de l’islam et de l’Algérie projettent-ils dans la société française ? Accepterions-nous en Algérie que des Français se comportent ainsi, qu’ils saccagent le mobilier urbain d’Alger, qu’ils brûlent le drapeau algérien ou sifflent l’hymne algérien Kassaman ? Malgré nos efforts pour soigner notre image, pour structurer les Franco-Algériens, pour développer de bonnes relations entre chaque citoyen français… tout est remis en cause par les comportements déviants des clandestins algériens et de certains Français d’origine algérienne qui refusent de respecter la France et ses lois. Si les Algériens sont heurtés par mes propos il leur suffira de faire la photographie des bureaux de vote où le FN fait ses meilleurs scores. C’est dans nos quartiers, ceux où vivent de nombreux immigrés et Algériens qui n’en peuvent plus d’être stigmatisés à cause de leurs coreligionnaires que Jean-Marie Le Pen fait de bons scores. La réalité française de 2014 n’est pas celle de l’Algérie de 1965. Nous considérons que chaque Algérien qui vit en France doit être exemplaire, irréprochable, et en capacité de respecter la culture du pays d’accueil. Il doit être l’ambassadeur de la culture algérienne. Les Franco-Algériens sont les fruits d'un mariage qui unissait les deux pays il y a encore quelques décennies. Ils doivent respecter le père (France) autant que la mère (Algérie)… J’ai vu la presse algérienne tousser lorsque Jean-Marie Le Pen a abordé la question de la double nationalité alors que c’est cette même presse qui interpellait l’opinion publique algérienne sur la présence des doubles nationaux de la sélection nationale emmenée par Rabah Saâdane puis Vahid Halilhodžic. L’Algérie est aussi en proie à ces questionnements identitaires sur son territoire national (Kabylie, Ghardaïa ou en raison de la forte présence de ressortissants chinois). L’Algérie, à l’instar de la France, ne peut occulter les inquiétudes de ses citoyens face à de nouveaux défis tels que les revendications communautaires des minorités et l’immigration. Si l’Algérie est de tradition arabo-berbère et musulmane, la France est, quant à elle, de tradition, d’histoire et de culture chrétienne. Rien d’étonnant pour les deux pays de se soucier des équilibres entre la préservation de la culture dominante et le respect des autres cultures. En tant que musulman, je respecte la tradition catholique de la France, mais nous sommes témoins de l’apparition de nouvelles formes d’expressions communautaires qui tentent de contester la culture dominante et de se substituer à la culture catholique. En réalité, Jean-Marie Le Pen aspire à l’émergence de «garde-fous» au niveau de l’immigration pour empêcher que la culture française soit dissoute au bénéfice de sous-cultures hégémoniques. Une partie de la presse algérienne traite Jean-Marie Le Pen de raciste en raison de son positionnement sur l’immigration. Pourtant, cette presse passe sous silence la création de 25 brigades de gendarmerie pour contrer l’immigration clandestine en Algérie. L’État algérien, à l’image de la plupart des Etats africains, multiplie les mesures draconiennes et les actions pour lutter contre l’immigration de masse. Il arrive même que des chasses à l’homme se produisent dans plusieurs grandes capitales africaines. La générosité de la France a trouvé ses limites avec la crise. Nous n’arrivons plus à assurer un confort relatif aux citoyens français alors comment accueillir dans de bonnes conditions des millions d’immigrés clandestins et légaux ? Je constate que les questions soulevées par Jean-Marie Le Pen sont les mêmes qui résonnent dans toutes les capitales arabes, maghrébines et africaines. Il suffit de constater la façon dont sont traités nos frères palestiniens en terre arabe pour comprendre que l’implantation massive de population fragilise toujours l’équilibre d’une nation. Quant à ma position sur l’immigration, il faut arrêter sur-le-champ le flux migratoire incontrôlable qui précarise la France. Aucun pays d’immigration n’accepterait de porter le poids de ce que la France porte en termes de coût pour l’accueil et l’intégration des immigrés. Récemment, vous titriez : «Le Pen, caméléon ou reconverti». Je vous répondrais tout simplement ni l’un ni l’autre. Lorsque j’ai entamé ma démarche de dialogue avec Jean-Marie Le Pen, certains dirigeants de son parti lui ont demandé d’y mettre un terme en raison de ma double nationalité algérienne. Sa réponse fut cinglante : «Hors de question qu’il enlève sa double nationalité.» Allant plus loin, il déclarait dans les colonnes du journal La Provence : «J’accueillerais à bras ouverts au FN tous les gens venus d’Algérie ou issus de l’immigration.. A titre personnel, je ne compte même plus les disputes avec sa fille à cause de ses positions modérées et équilibrées avec la communauté musulmane et son désir de rapprochement avec les Français d’origine algérienne. Le président d’honneur du FN prenait de mes nouvelles lorsque je me rendais en Algérie et n’hésitait pas à imposer des repas sans viande ni alcool durant nos rencontres. Il a toujours refusé de se rendre dans des repas militants identitaires (apéros, saucissons) devant les lieux de culte musulman ou que des mosquées soient occupées par des identitaires, il n’admet pas qu’un citoyen français soit inquiété en raison de sa religion ou de sa race tout comme il dénonce les profanations de mosquées par les féministes du mouvement Femen. Sa farouche opposition aux occupations militaires des terres arabes, son rejet viscéral de la politique coloniale d’Israël et son engagement en faveur des peuples du monde face aux impérialismes donnent à Jean-Marie Le Pen une envergure de véritable leader politique. Quand Jean-Marie Le Pen dénonçait l’assassinat des populations ghazaouies par les forces occupantes israéliennes, le recteur de la mosquée de Paris, représentant algérien, s’en est allé se pavaner au dîner du Crif. Si l’on peut reprocher à Jean-Marie Le Pen quelques excès de langage et ses sorties médiatiques tonitruantes, il est en réalité beaucoup plus ouvert d’esprit que la très grande majorité des hommes politiques français. Pour l’avoir côtoyé assez longtemps, je sais qu’il n’est pas hostile aux Algériens malgré son implication dans la guerre d’Algérie. Il est simplement soucieux que l’intégrité territoriale de son pays soit préservée, que sa culture ne soit pas reléguée au second plan et que les invités de la France se comportent avec de bonnes manières. Dans ses demandes, il est tout aussi algérien que ceux qui en Algérie demandent aux uns et aux autres de respecter l’Algérie, les Algériens et leur culture. Aujourd’hui, il est devenu l’une de mes références politiques sans pour autant que j’opère un reniement de ma religion et de mes origines algériennes. J’irais même jusqu’à pousser la provocation en déclarant que nombre de politiciens algériens devraient s’inspirer de Jean-Marie Le Pen pour défendre plus courageusement les intérêts de l’Algérie. Dans son entretien accordé à Algeriepatriotique, Jean-Marie Le Pen tend la main de la réconciliation à l’Algérie. Le Pen en Algérie et pourquoi pas ?
Omar Djellil
 

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