Surpolitisation française et nonchalance algérienne : qu’est-il vraiment arrivé au vol 5017 d’Air Algérie ?

Tout semble ne pas avoir été dit dans l’affaire du crash de l’avion affrété par Air Algérie au Mali. Officiels et experts français se relaient sur les chaînes de télévision françaises pour tenter de donner des explications de ce qui aurait pu arriver au vol AH 5017 qui devait relier Ouagadougou à Alger et qui a disparu des écrans radars 50 minutes après son décollage. S’il est inutile de rappeler que l’Algérie joue un rôle de figurant dans cette tragédie qui concerne un de ses vols, même si l’appareil est immatriculé en Espagne, il y a lieu de relever les soupçons suscités par la connotation éminemment politique donnée à ce crash d’avion qui n’est ni le premier ni le dernier dans l’histoire de l’aviation civile. Aussi bien en France qu’en Algérie, beaucoup se demandent pourquoi les Français ont, depuis le début, mobilisé leurs soldats positionnés au Mali pour rechercher l’épave alors que le premier pays concerné, après le Mali, est l’Algérie. Des experts – des anciens pilotes notamment – et des membres des différentes institutions en charge de la sécurité aéronautique se perdent en conjectures, n’ayant visiblement pas assez d’éléments d’information pour pouvoir, à ce stade, définir les raisons qui ont causé l’accident du DC-9 de Swiftair et la mort de tous ses passagers, ou refusant d’aller «trop loin» dans leurs probabilités de peur d’attirer l’attention sur des indices qui pourraient révéler des incohérences ou qui pourraient compromettre la France. Pourtant, les images prises sur le lieu de l’accident montrent clairement une trace noire qui épouse – à peu près – les formes de l’avion, preuve, donc, que ce dernier ne s’est pas craché à la verticale mais qu’il s’est écrasé sur le ventre. Si l’avion avait piqué du nez, il aurait laissé un cratère, ce qui n’est pas visible sur les clichés et les vidéos fournis par les Français. Par ailleurs, l’absence des principales parties de l’épave, c’est-à-dire la carlingue, le cockpit et les ailes, sur le lieu du drame, suscite des interrogations. Des observateurs n’excluent pas, en effet, que l’armée française ait pu repérer l’épave de l’avion juste après l’accident et faire disparaître des preuves d’une éventuelle bavure de son armée, l’avion s’étant crashé dans une zone militarisée et le pilote ayant pu avoir été obligé de voler à basse altitude pour éviter un orage menaçant ou pour une raison quelconque. Du côté algérien, la réaction étrange des ministres des Affaires étrangères, des Transports et de la Communication lors de leur conférence de presse, a laissé pantois les journalistes présents sur place. Les trois représentants du gouvernement, faute de pouvoir présenter des éléments nouveaux sur le crash et les mesures envisagées par les autorités algériennes, se sont transformés en maîtres de conférences, prodiguant des conseils aux médias nationaux pour qu’ils fassent preuve de «retenue». Les responsables politiques algériens sont-ils au courant d’une chose qu’ils ne veulent pas divulguer pour éviter un incident diplomatique avec la France ? Le ministre des Transports, qui s’est déplacé à Bamako pour y exhiber, tout sourire, les boîtes noires retrouvées très – trop ? – rapidement par les militaires français, avait tout l’air de participer à une curieuse mise en scène, aux côtés de son homologue malien, dont le pays a confié son sort à la France, depuis que cette dernière a décidé de traquer les groupes islamistes armés au plus près des frontières algériennes. La question qui se pose n’est pas tant de savoir ce qu’il s’est passé à Gossi, au centre du Mali, mais quelle est la marge de manœuvre autorisée pour les enquêteurs dans leurs investigations afin de faire la lumière sur ce crash qui a fait 116 morts, deux passagers sur les 118 prévus n'ayant pas embarqué à Ouagadougou.
Karim Bouali
 

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