Infanticide
Par Kamel Moulfi – L'Occident veut tuer un monstre qu'il a lui-même enfanté. Ce sont ses médias qui le disent en nous apprenant qu’en Grande-Bretagne, le Premier ministre Cameron est décidé à affronter la menace djihadiste dans les rues de ses villes, et qu’en France deux des candidats au djihad ont été arrêtés. Les pays occidentaux cherchent maintenant à empêcher des terroristes qu’ils ont armés de retourner ces armes contre eux. A la va-vite, comme s’il y avait le feu, Cameron se met à la répression des apprentis djihadistes, que son pays a longtemps couvés, voire choyés, et Hollande à la chasse aux recruteurs, alors que le gouvernement français arme les terroristes en Syrie depuis 2011 et leur envoie des instructeurs pour «renverser le régime de Damas». Savent-ils que les groupes islamistes qui sèment la terreur en Irak et en Syrie considèrent que le soutien que leur ont apporté les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France est conjoncturel et que s’ils l’acceptent c’est plus par ruse guerrière que par convergence réelle ? Les dirigeants occidentaux se rendent compte aujourd’hui que le retour de flamme est inévitable. Ils en ont été avertis, mais aveuglés par la fixation sur leurs intérêts économiques et prétendument géostratégiques, ils n’ont pas voulu modifier leur politique antiterroriste. Leur opinion publique, intoxiquée par la propagande véhiculée par les discours des dirigeants, n’a pas été suffisamment vigilante pour exiger que la lutte antiterroriste soit plus conséquente et dépouillée de ses contradictions dont les effets mettent en danger actuellement la sécurité de la population dans ces pays. Est-il encore temps pour localiser le «virus» terroriste qui mine les sociétés occidentales, puis l’extirper et le détruire définitivement ? Rien n’exclut que de jeunes candidats au suicide, qui sont nés et ont grandi dans les agglomérations des pays occidentaux, et nourris par des discours de haine, choisissent l’attentat à l’explosif pour passer à l’acte dès que les circonstances les y pousseront. Dans les conditions actuelles où le terrorisme tentaculaire a pris une dimension planétaire – comme le reconnaît John Kerry à travers sa demande de coalition mondiale pour le combattre – la paix est une et indivisible. On ne peut pas jeter de l’huile sur le feu en Irak, en Syrie, en Libye ou ailleurs sans s’attendre à voir ensuite l’incendie brûler sa maison.
K. M.
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