Benflis : «La Constitution est violée par les délégations de pouvoir»

Invité à l’Université d’été du Front pour la justice et le développement (FJD) d’Abdallah Djaballah, qui s’est tenue aujourd’hui mercredi à Annaba, l’ex-candidat à la présidentielle Ali Benflis s’est longuement attelé sur l’analyse de la situation politique dans le pays, en estimant d’entrée que l’Algérie «vit plusieurs crises en une seule, et même une grande crise : une crise de régime politique». Il a dénoncé «la corruption à grande échelle» de même que la violence qui, selon lui, «se développe dans notre société et qui n’est qu’un sous-produit de la violence du système politique lui-même». L’orateur considère que ce sont là des «révélateurs de cette crise morale dont la durée peut menacer les fondements de l’Etat, atteindre la cohésion de la nation et fragiliser les équilibres sensibles au sein de la société». Dans le même sillage, l’ancien chef de gouvernement juge que «l’offre politique du régime ne correspond plus à la demande politique de la société et ne la satisfait pas. Un fossé se creuse et s’élargit entre un Etat otage de ses modes de pensée et de gouvernance anciens et une société dont les attentes et les revendications évoluent et se renouvellent», clame-t-il. Toujours aussi offensif contre le chef de l’Etat, il prévient que «l’ère des pouvoirs personnels, autoritaires et totalitaires est révolue». Dans son analyse de la crise institutionnelle qui menacerait la République dans ses fondements, Benflis lance une avalanche d’interrogations : «L’autorité de l’Etat s’exerce-t-elle encore dans les formes et dans les normes que la Constitution de la République a établies ? L’autorité de l’Etat est-elle encore identifiable et localisable ; je veux dire où est le centre de cette autorité qui est censé être la Présidence de la République, clef de voûte de nos institutions ? Qui est le centre de cette autorité ? Est-il toujours le même ou a-t-il changé à notre insu ? Que fait-il ? Est-il soucieux de notre droit de connaître la vérité au sujet de toutes ces interrogations essentielles et légitimes ?» Il considère que «ce dont nous sommes témoins aujourd’hui est une véritable vacance de pouvoir dont on veut coûte que coûte nous cacher le nom». S’attaquant directement à Bouteflika, mais sans le nommer, l’ex-candidat à la présidentielle rappelle une situation qui avait été au centre de la campagne d’avril dernier : «Depuis combien de temps le peuple algérien n’a-t-il pas entendu celui dont c’est le devoir de s’adresser à lui et compatir avec lui, y compris dans les moments les plus tragiques ? Depuis combien de temps la voix de l’Algérie a-t-elle cessé d’être portée à l’étranger et ses intérêts nationaux défendus par celui dont c’est le devoir constitutionnel ?» Et de s’interroger : «La Constitution n’est-elle pas violée par toutes ces délégations de pouvoir de fait au Premier ministre ?» Il estime enfin que «la voie de la raison, la voie de la sagesse, la voie de l’entente civilisée entre tous les enfants d’un même pays et d’un seul peuple est celle qui mènera l’Algérie vers le dénouement de cette crise de régime devenue intolérable», selon lui.
R. Mahmoudi
 

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