Abderrazak Mokri sur la défensive : «Le peuple n’est pas encore mûr pour un changement pacifique»

Le chef du MSP, Abdarrazak Mokri, ne rate pas une occasion pour apparaître comme le chef de file, ou du moins comme le porte-voix de l’opposition «légale». Il tente, à travers ses écrits et commentaires quotidiens, de replacer le débat sur les enjeux du «changement pacifique et démocratique» pour lequel milite la Coordination nationale pour le des libertés et la transition démocratique (CNLTD). Dans son dernier post publié sur sa page Facebook, Mokri croit avoir le devoir de répondre à ceux qui reprochent à la CNLTD sa «mollesse», son «incohérence» et son «incapacité à faire bouger le peuple». Le leader islamiste reconnaît que tout ce que les partis de l’opposition entreprend sur le terrain «est loin d’être suffisant», parce que, selon lui, «la seule force qui peut provoquer le changement, c’est le peuple. Or, nous ne le maîtrisons pas. Tout ce que nous faisons, c’est de le sensibiliser afin qu’il connaisse ses droits et prenne conscience des périls qui menacent son présent et son avenir», souligne-t-il, ajoutant : «Notre rôle est de lui montrer les voies qu’il doit emprunter pour parvenir au changement». Il estime que le peuple «est libre de nous suivre ou de ne pas nous suivre» sur cette voie, même s’il est persuadé qu’il «n’est pas encore mûr pour un changement pacifique». Plus alambiqué, Mokri prévient que «le changement est inéluctable», mais ne sait pas quand il aura lieu. «Si le peuple, avertit-il encore, décide de nous doubler et sort dans les rues pour protester et renverser la table sur tout le monde (ce qui est inévitable si d’aventure notre projet politique pacifique échouait et si le régime politique en place s’obstinait dans sa conduite), le mérite reviendrait alors au peuple et à lui seul», enchaîne-t-il. S’imaginant déjà dans un tel scénario, Mokri juge que «le devoir des partis serait alors d’apporter l’assistance et le savoir-faire pour que la situation ne dégénère pas et n’engendre pas la partition du pays». Ces partis auraient ainsi, selon l’analyse prospective de Mokri, «la conscience tranquille» pour avoir «accompli leur devoir jusqu’à la fin». Il résume son propos par cette phrase : «Notre choix n’est pas révolutionnaire, mais si jamais une révolution est déclenchée sans notre consentement, nous ne resterons pas les bras croisés. Nous serons du côté du peuple et nous interviendrons pour notre patrie». Son conseil à ceux qui veulent le changement est «d’accentuer leurs attaques politiques» contre le pouvoir et de faire attention aux «manipulations du pouvoir et de ses alliés directs ou objectifs». Il répond ici à ceux qui reprochent aux partis de l’opposition de continuer à activer dans «l’arrière-cour» du régime, au motif qu’aucun d’entre eux n’a osé retirer, par exemple, ses élus des Assemblées en signe de rupture «effective» avec le système qu’ils croient combattre.
R. Mahmoudi

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