Sofiane Djilali : «Plus de soixante ambassadeurs étrangers n’ont pas reçu leur accréditation»

Dans un entretien accordé au quotidien arabe Al-Quds Al-Arabi, paru dans son édition de dimanche, le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, met en garde contre le risque d’effondrement de l’Etat «après la chute du régime de Bouteflika», tout en assurant que l’opposition reste «mobilisée pour endiguer la crise». Il impute l’immobilisme dans lequel vit le pays à «la vacance du poste de président à cause de l’éclipse de Bouteflika». Il révèle, à ce propos, que plus de soixante ambassadeurs étrangers n’auraient pas reçu leur accréditation officielle «faute de n’avoir pu remettre leurs lettres de créance directement au chef de l’Etat». Pour la même raison aussi, ajoute Sofiane Djilali, le ministère des Affaires étrangères «n’a pas renouvelé ses diplomates dans plusieurs capitales où les ambassadeurs accrédités sont arrivés en fin de mission». C’est le cas également de nombre d’institutions importantes, à l’image de l’APN, «dont le fonctionnement est considérablement pénalisé par l’absence du chef de l’Etat», affirme le leader de Jil Jadid qui considère que «ce dysfonctionnement des institutions a engendré une accumulation de problèmes à tous les niveaux». Pour Sofiance Djilali, tout l’entourage du président, ainsi que les partis et les hommes d’affaires ayant soutenu la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat «sont responsables de cette situation». A l’instar d’Abderrazak Mokri, son partenaire à la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNTLD), Sofiance Djilali prévient contre les «répercussions immédiates d’une chute drastique des prix du pétrole sur la stabilité du pays» et estime que l’Algérie «risque alors d’entrer dans un engrenage de violence semblable à celui qui ravage nombre de pays de la région», tout en prévenant qu’«à tout moment le régime de Bouteflika peut s’écrouler». Pour lui, trois facteurs essentiels assurent la stabilité d’un pays : la cohésion des institutions, la légitimité des gouvernants et l’existence d’une économie productive. «Ces trois facteurs, estime-t-il, font cruellement défaut à l’Algérie d’aujourd’hui.» La solution pour le chef de Jil Jadid est d’appliquer l’article 88 de la Constitution et déclarer la vacance du poste de président pour pouvoir organiser des élections anticipées. Cela dit, de nouvelles élections «truquées» ne régleront pas le problème de légitimité ; c’est pourquoi lui et ses partenaires de la CNTLD préconisent «un changement en douceur et graduel, et auquel toutes les forces devraient être associées». Faute de quoi, «d’autres forces viendront nous imposer le changement», et cela risque, à court terme, de «justifier l’ingérence étrangère». Rejetant les appels à l’intervention de l’armée dans le champ politique, Sofiance Djilali juge que le rôle de l’institution militaire «doit être confiné à un travail de coordination et de médiation avec la présidence de la République en vue de faciliter les démarches pour parvenir à une solution consensuelle à la crise», conclut-il.
R. Mahmoudi

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