Boumghar réagit à l’assassinat de Gourdel : «L’Algérie est ciblée»

Dans un entretien accordé à notre journal, l’expert en relations internationales Lotfi Boumghar a réagi à la décapitation, hier mercredi, de l’otage français Hervé Gourdel par le groupe Jund-Al-Khalifah qui a proclamé son allégeance à Daech ; il qualifie cet acte de «barbare» en indiquant «qu’il y a certes une victime, mais plusieurs cibles». Comment ? Pour Lotfi Boumghar, la première cible est l’Algérie «dont on met à mal les efforts qu’elle déploie pour trouver le chemin de la stabilité». Contrairement à ce que pensent les officiels, selon lui, cet acte aura une incidence sur le climat des affaires. «Cet acte est un élément qui fera réfléchir les investisseurs étrangers quoi que puissent dire les autres», affirme-t-il, ajoutant : «Cela portera aussi atteinte au tourisme, dont l’image est peu reluisante.» Pour lui, il faut une action de communication énergique pour expliquer que ce n’est pas un retour au phénomène du terrorisme des années 1990. Notre interlocuteur explique que cet acte aurait pu se passer n’importe où dans le monde, bien que la région de Kabylie soit connue par l’activisme de certains résidus terroristes. «Ce n’est un secret pour personne que la région de Kabylie compte quelques groupes terroristes, certes isolés et affaiblis, mais qui gardent une capacité de nuisance.» La deuxième cible est l’islam. D’après l’expert algérien, l’opinion publique internationale, notamment les populations les moins averties, fait l’amalgame entre islam et islamisme, ce qui donnera, au final, des réactions xénophobes. La troisième et dernière cible est l’équilibre sécuritaire. Pour notre interlocuteur, on assiste à la naissance d’une franchise, celle de Daech après celle d’Al-Qaïda. «Il faut être convaincu que le terrorisme est devenu un facteur qui menace les équilibres sécuritaires dans le monde entier», atteste-t-il. Cet acte abject qui ne peut être justifié est aussi la conséquence, ajoute-t-il, de politiques hasardeuses menées en Irak, Syrie et en Libye. «Ces politiques, contrairement à l’effet recherché, ont renforcé les groupes extrémistes, leur ont donné aux yeux de certains une légitimité, créant plus d’instabilité, pour ne pas dire de chaos en lieu et place des régimes totalitaires qu'ils étaient censés combattre», conclut-il.
Mohamed El-Ghazi
 

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