Affaire des moines de Tibhirine : la justice française va-t-elle mettre fin à la mascarade ?

L’horrible décapitation de l’otage français Hervé Gourdel en haute Kabylie par des terroristes qui se réclament de l’organisation Daech rappelle pour ceux qui en doutaient encore la véritable nature des organisations terroristes en Algérie. Après cet acte cruel, la France (classe politique, médias et dirigeants) semble se rendre à l’évidence et finit par admettre, enfin, l’existence réelle de groupes terroristes qui tuent de la manière la plus barbare dans notre pays. Ce réveil tardif des dirigeants français va-t-il mettre un terme à la campagne incessante des partisans de «qui tue qui» qui sèment le doute et la confusion sur les véritables assassins des moines de Tibhirine, enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère près de Médéa, au nord-ouest d’Alger, et puis exécutés ? Seuls les têtes ont pu être retrouvées dans les reliefs montagneux et accidentés de Médéa. Leur exécution a été réclamée par le Groupe islamique armé (GIA) de Djamel Zitouni pour faire payer au gouvernement français sa décision de rompre les négociations engagées avec ce groupe terroriste via des responsables militaires à l’ambassade de France à Alger. Des aveux de certains des responsables de ce crime barbare, dont Djamel Zitouni, attestent que des agents de la DGSE avaient pris attache avec des éléments du GIA pour négocier la libération de ces moines. Mais à Paris, l’affaire a pris une autre tournure politique. Et les négociations ont été brusquement arrêtées. Ce qui a conduit le GIA à l’exécution des moines. Mais des partisans du «qui tue qui» continuent à accuser l’armée algérienne d’être responsable de leur mort. C’est ainsi qu’un juge a été désigné pour enquêter sur les circonstances de leur mort. Il s’agit, en effet, du juge antiterroriste Marc Trévidic, aussi connu pour être proche de la thèse du «qui tue qui». En 2009, le général François Buchwalter, attaché de défense à l'ambassade de France à Alger en 1996, avait apporté de l’eau au moulin du juge Trévidic, en évoquant une bavure de l'armée algérienne. Une thèse totalement remise en cause par tous les experts militaires interrogés aussi bien en France qu’ailleurs. Mais cela n’a pas empêché la France de continuer à faire pression sur l’Algérie en appuyant la démarche du juge Trévidic qui a fini par obtenir le feu vert pour exhumer les crânes des moines en Algérie et les autopsier. L’affaire des moines de Tibhirine va-t-elle être définitivement close après la visite prochaine de ce juge antiterroriste ? La justice française arrêtera-t-elle cette mascarade qui consiste à faire porter à l'armée algérienne la responsabilité de l'assassinat des moines alors que, dans le même temps, Hollande affirme aujourd’hui avoir une totale confiance en l'ANP ? La France officielle va-t-elle cesser son double discours et prendre enfin la mesure du danger qui guette l’humanité avec la recrudescence du terrorisme transnational ?
Rafik Meddour
 

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