RCD : «Le pays est dirigé en marge de la vie institutionnelle»
Le RCD met en garde contre la grave dérive institutionnelle que connaît le pays. Rendant publiques aujourd’hui les résolutions de son secrétariat national, le parti de Mohcine Belabbas revient sur la maladie du président Bouteflika et son incapacité avérée à assumer pleinement ses fonctions. Pour cette formation de l’opposition, «l’impotence avérée du chef de l’Etat consacre un processus de prise de décision en marge de la vie institutionnelle et de la légalité constitutionnelle». La grande crainte de ce parti est le fait que le pouvoir est absorbé par un jeu de chaises musicales pour museler la vie publique et préparer une succession à huit clos contre la volonté des Algériens, alors que le pays s’enlise dans la dérive et sa sécurité est menacée. Pour le RCD, l’entretien téléphonique, rendu public, du président français avec le Premier ministre algérien dans la tragique affaire d’Hervé Gourdel est une autre manifestation de cette dérive. «Il n’est pas incongru de penser que François Hollande, embourbé dans les interventions militaires, ait pris attache avec le chef d’état-major Gaïd-Salah pour s’assurer de leur bonne exécution, et dont les tenants et aboutissants échappent à la décision nationale», souligne-t-il tout en considérant que cette situation est dangereuse pour la nation. Le parti opposé au terrorisme et à l’islamisme politique dénonce la réconciliation nationale mise en application depuis 2005. Il estime que «la confiscation de la résistance et du sacrifice des citoyens et des forces patriotiques contre le terrorisme islamiste par la promulgation de la charte dite pour la paix et la réconciliation nationale, qui consacre l’impunité, porte les germes des conflits futurs». Il regrette ainsi qu’«au lieu de réunir ces forces vives du pays pour tourner la page de la décennie noire par la réconciliation de l’Algérie avec son histoire, la restitution de l’école à la République, l’abrogation du Code de la famille, la promotion des libertés individuelles et collectives, l’éloignement de la religion du champ politique et la consécration de l’alternance au pouvoir par des scrutins libres et réguliers, Bouteflika et ses sponsors ont imposé la voie de la gouvernance par la corruption, l’allégeance et la rapine». Il appelle dans ce sillage à la vigilance et à un rassemblement le plus large possible pour créer un rapport de force en faveur d’une transition démocratique et pacifique.
S. Baker