Les limites d’un discours suffisant : quand le politique ignore les besoins de la lutte antiterroriste

L’enlèvement puis l’assassinat du ressortissant français en Algérie révèlent au grand jour les failles d’un discours qui a trop longtemps éludé les vicissitudes et les contraintes propres à la lutte antiterroriste engagée depuis plus d’un quart de siècle. Cette irruption soudaine de l’hydre terroriste dans l’imaginaire des Algériens indique qu’ils ne sont pas encore totalement prémunis contre le danger. Or, ce crime odieux n’a rien de surprenant parce que l’Algérie dispose depuis les années 1990 de poches de terroristes sur son territoire qui n’ont pas encore été éradiquées à ce jour. Il est donc aisé à ces groupuscules, pour redorer leur blason, de s'affilier à n'importe quelle organisation. Hier, c'était le FIS, puis le GIA ; hier, le banditisme, aujourd'hui, Daech. D’un autre côté, l'Algérie était, peut-être, pendant tout ce temps, trop sûre d'elle et croyait avoir vaincu le terrorisme définitivement. Cette suffisance l’amènera à s’enorgueillir de ses liens avec les Etats-Unis, croyant détenir la science dans la lutte contre le terrorisme. Mais voilà que cette certitude est tout d’un coup battue en brèche, car il aura fallu qu'un «invité» de l'Algérie le paie de sa personne pour s'en rendre compte. Cet événement douloureux va obliger l’Algérie à se remettre en cause pour faire face à la réalité qui n’est pas toujours celle qui est reflétée par les discours populistes et électoralistes d’une classe politique en déphasage avec la réalité. Tout doit être revu : en premier lieu, la réflexion à ce problème particulier au niveau des sphères de décision comme au sein des cercles académiques. Pour une fois, le chef de l’Etat doit se rendre compte qu'il est devant un système qui a montré ses limites, avec ses résultats tellement affligeants qu'il est temps pour lui d'agir et vite, parce que cela le décrédibilise aux yeux de ses pairs et auprès de son peuple qui l’a réélu. Aussi, les approches et méthodes de gouvernance doivent-elles être revues de fond en comble, et pas seulement dans le domaine de la lutte antiterroriste, où les Algériens pensent exceller. Car toutes les performances dont l’Algérie peut se targuer jusqu’ici (le retour de la stabilité, de la tranquillité, le reflux des attentats terroristes, etc.) ne tiennent qu’aux sacrifices des soldats qui, depuis des années, dorment à la belle étoile et pourchassent sans relâche ces sanguinaires dans leurs derniers retranchements. Ceux-là n'auront de cesse que lorsqu’ils les auront éradiqués. Ils continueront à pourchasser ces assoiffés de sang et leur feront payer leurs crimes innommables, dont la décapitation de l’otage français.
R. Mahmoudi
 

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