Après avoir fragilisé l’armée et bombardé les raffineries : l’Otan s’apprête à envahir la Syrie

Les médias occidentaux qui ont imposé au cœur de l’actualité internationale, comme seul événement important, l’offensive de l’EI, reprennent en chœur cette «chanson» : «La ville syrienne de Kobané va tomber.» En fait, il faut traduire : «La ville syrienne de Kobané va être envahie.» Car il est évident que l’objectif de l’Otan est de mettre pied en Syrie, comme elle l’a fait en Libye, pour faire tomber le président syrien, Bachar Al-Assad, qui a réussi à organiser la résistance de son pays contre une coalition d’«opposants» puissamment armés soutenus par les pays occidentaux, la Turquie et les monarchies du Golfe. Il y a quelques jours, le vice-président des Etats-Unis, Joe Biden, a confirmé que la Turquie et les monarchies du Golfe ont aidé ces groupes terroristes, autrement dit, leur ont donné la possibilité de s’entraîner au maniement des armes et de se préparer aux actes terroristes, et leur ont offert tout l’appui financier que nécessitent l’achat d’armement et la logistique. Dans cette coalition anti-syrienne, dominée par les groupes terroristes composés de mercenaires étrangers, dont une bonne partie venue de pays européens, il y a cette criminelle organisation EIIL, devenue EI dans le jargon médiatique. En effet, il ne faut pas oublier que l’EI était présente surtout en Syrie, à travers ses actions de terrorisme. Elle s'est ensuite déployée subitement en Irak, et, en juillet dernier, a proclamé un califat islamique sur les territoires irakiens et syriens qu’elle occupe. Hillary Clinton, qui a dirigé la diplomatie américaine après avoir été première dame des Etats-Unis, a affirmé dans son livre Hard Choices que l’EI est une création de l'administration américaine et en a donné le motif : remodeler la région du Moyen-Orient, en appui sur l’organisation des Frères musulmans. Cela fait un mois que l'armée américaine a commencé ses frappes aériennes contre les positions de l'EI en Irak, puis les a étendues en Syrie en ciblant également, dans ce pays, les positions du Front Al-Nosra et de Khorasan. D’autres pays occidentaux se sont ralliés à ces opérations, comme la France qui a déjà frappé en Irak, l’Australie, la Grande-Bretagne et le Canada qui s’apprêtent à le faire. Le Pentagone avait, dès le départ, préparé l’opinion à une intervention terrestre en Syrie et en Irak, en déclarant que des frappes aériennes seules ne suffiraient pas à anéantir l’EI, et en laissant entendre que l’attaque sur terre par les forces de l’Otan s’appuierait sur les rebelles syriens «modérés» qui auraient été entraînés et formés dans ce but. Mais cette option semblait être envisagée pour le long terme. L’épisode Kobané (Aïn Al-Arab, ville stratégique syrienne) a-t-il précipité les événements ? En fait, nous sommes à l'une des phases ultimes de l'agression contre la Syrie : après y avoir «concocté» un soulèvement de «forces démocratiques» pour renverser le régime, après y avoir introduit l'EI créé en Irak, après avoir fragilisé l'armée syrienne, après avoir bombardé les raffineries, il est temps maintenant d'envoyer des troupes au sol à travers la Turquie. Le président turc Erdogan pousse à cette intervention terrestre dans l’immédiat en prenant prétexte de la menace sur Kobané. Il a obtenu que son Parlement autorise l'armée à mener des opérations contre le groupe EI en Syrie et en Irak. Le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, avait déclaré qu'Ankara ne voulait pas que cette ville passe sous le contrôle de l'EI. Pour rappel, en Libye, les choses ont évolué à peu près de la même manière : «forces démocratiques» (Mahmoud Jibril), puis islamistes (Mustapha Abdeljalil) puis milices terroristes (actuellement).
Houari Achouri
 

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