Algériens détenus en Irak : le rapport accablant de la LADDH

«La diplomatie algérienne a échoué à récupérer les détenus algériens en Irak.» C’est ainsi que la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) conclut son dernier rapport réservé à la situation des Algériens détenus en Irak. La Ligue a, en effet, décidé de ne plus se taire par rapport à ce dossier pour lequel les autorités algériennes «ont tourné le dos», abandonnant ces ressortissants dans un pays où la guerre fait rage. Et la LADDH n’y va pas par trente-six chemins. «Les autorités algériennes ont tourné le dos et demeurent inertes devant la situation des ressortissants algériens emprisonnés en Irak», lit-on dans le rapport où sont transcrits les noms de tous les détenus algériens dans ce pays. «Les familles des détenus algériens ont à plusieurs reprises, depuis plus de neuf ans, demandé en vain l'intervention personnelle du président de la République afin que la vie de leurs enfants soit préservée», rappelle la ligue. La LADDH hausse le ton pour affirmer que «le pouvoir algérien refuse non seulement de fournir le moindre détail à l’opinion publique sur la détention de ces ressortissants en Irak, mais ne porte que très rarement assistance à ces détenus». Elle a donc décidé de prendre en charge ce dossier et compte employer, indique-t-elle, «tous les moyens pour faire la lumière sur l’affaire des prisonniers algériens incarcérés arbitrairement dans les prisons irakiennes», réitérant, à l’occasion, son appel aux autorités algériennes afin d’intervenir auprès des autorités irakiennes «pour libérer ces innocents». Tout comme elle réclame des autorités irakiennes «d’informer sur les détails du déroulement des procédures judiciaires, afin de s’assurer que les normes applicables censées garantir à nos ressortissants le droit à une défense équitable ont été respectées». La LADDH rappelle, à ce propos, que huit ressortissants algériens détenus en Irak ont été condamnés à la peine capitale malgré, assure-t-elle, «l’absence de preuves à charge et d’avocats commis d’office comme le stipulent la Constitution irakienne et la Charte des droits de l’Homme». «La majorité de ces détenus algériens ont été accusés d’avoir franchi illégalement la frontière irakienne, une infraction dont la peine n’excède pas six mois suivant les lois en vigueur en Irak. Au lieu de cela, nos ressortissants ont été condamnés à 15 ans de prison ferme sans base juridique», indique la LADDH, dans son rapport. Elle fait part, en même temps, de son inquiétude au sujet de ces Algériens détenus en Irak du fait, relève-t-elle, «de l’entêtement des autorités irakiennes et de la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays, ainsi que du manque flagrant de coopération de ces mêmes autorités sur la question de ces ressortissants». «Plusieurs détenus algériens sont morts en détention, apparemment des suites de tortures (des coups portés avec des câbles et des tuyaux, la suspension prolongée par les membres, l'administration de chocs électriques sur des parties sensibles du corps, la fracture de membres, l’arrachage d’ongles, l’asphyxie, l'utilisation de perceuses sur le corps, et la torture psychologique comme la menace de viol), rapporte la LADDH qui considère que «ces pratiques visent souvent l'obtention d'aveux, qui demeurent la preuve privilégiée par la justice irakienne».
Amine Sadek
 

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