L’eau ou la tôle ?
Par Meriem Sassi – L’usine Renault a été inaugurée en grande pompe à Oran, et la part de médiatisation qui lui est réservée depuis quelques jours n’est-elle pas surfaite par rapport à l’importance de l’événement ? Le gouvernement qui n’a pas réussi jusqu’à présent à booster l’investissement national et étranger, à cause de ses tâtonnements et le diktat du lobby des importateurs, donne l’impression de s’accrocher à cette petite usine d’à peine 25 000 véhicules «low cost» comme à une bouée de sauvetage qui lui permettrait de sauver la face, après 15 ans de promesses non tenues et de plans de développement ayant échoué lamentablement à attirer les investissements directs étrangers (IDE). L’actualité est certes importante pour la région d’Oued Tlelat qui voit quelques centaines de ses jeunes embauchés, ainsi que pour une poignée de PME ayant une opportunité de sous-traiter pour l’usine, mais les avantages s’arrêtent là. La majorité des pièces nécessaires à l’assemblage de la «nouvelle Symbol» sont importées et il est fort probable que le taux d’intégration de 40% promis par le constructeur français pour 2017 s’avère un leurre. Il faut dire que le partenaire français n’a pas réellement fait les efforts qui étaient attendus de la part du gouvernement au vu des investissements gigantesques qu’il a consentis au Maroc, en Roumanie ou encore en Turquie. Après plusieurs années de négociations, Renault a consenti à implanter une usine de 25 000 véhicules pour le démarrage et 75 000 à terme, avec en prime une période d’exclusivité de trois ans, empêchant le gouvernement de conclure d’autres contrats avec un constructeur allemand en l’occurrence. Malgré cela, l’inauguration de la modeste usine est fêtée comme un événement grandiose, en présence de responsables politiques français et algériens qui se congratulent devant les caméras, fiers de leur réalisation. L’inauguration en parallèle par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de la méga-station de dessalement de l'eau de mer, une infrastructure vitale autrement plus importante pour les citoyens, est passée presque inaperçue et beaucoup moins mise en lumière par les flashes des photographes qui avaient mis toute leur énergie, le matin même, à capter les sourires satisfaits de Laurent Fabius et Sellal. La réalisation mérite amplement d’être signalée, surtout dans la région d’Oran qui endure depuis trop longtemps les problèmes liés au manque d’eau potable.
M. S.
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