Benyounès : «Pourquoi l’accord avec l’UE ne profite pas à l’Algérie»

Dans une interview au Parliament Magazine, édité par le Parlement européen, le ministre du Commerce, Amara Benyounès, ne cache pas son scepticisme déjà exprimé au sujet de l’accord d’association Algérie-Union européenne signé en 2001. Il estime que l’accord profite davantage à l’Union européenne, en ce sens que l’UE «consolide sa part du marché dans les importations algériennes, soit 52% en moyenne annuelle, et ce malgré la concurrence ardue des produits du reste du monde», et note «un déséquilibre structurel» de la balance commerciale hors hydrocarbures en faveur de l’Union européenne, «déséquilibre enregistré avec tous les pays du monde du fait que nos exportations dépendent à 97% des hydrocarbures», juge encore Amara Benyounès qui rappelle également le faible attrait des IDE européens, notamment ceux orientés vers l’exportation dans les branches industrielles et filières agroalimentaires. Pour illustrer ce déséquilibre en matière d’échanges, Benyounès souligne que les 80% de nos exportations hors hydrocarbures sont destinés au marché de l’UE. Pour le ministre, le constat est sans ambages : «L’accord d’association n’a pas eu l’effet escompté pour promouvoir les exportations hors hydrocarbures et la relance des IDE qui constituent pour l’Algérie deux objectifs motivant la conclusion de tout accord de libre-échange.» Selon lui, des facteurs «endogènes» et «exogènes» sont à l’origine de cette situation. Il cite notamment le manque d’investissements européens tournés vers l’exportation à destination du marché européen ou de proximité, l’absence de connexion entre les PME algériennes et européennes pour favoriser les exportations et, enfin, «l’érosion des préférences» accordées par l'UE à l’Algérie dans le cadre des accords de libre-échange conclus par l’Union européenne. Benyounès juge que des actions «doivent être menées particulièrement dans l’amélioration du climat des affaires pour rendre l’investissement en Algérie attractif, étant entendu que les IDE constituent un levier important de transfert de savoir-faire pour la diversification de l’économie algérienne et la promotion des exportation hors hydrocarbures». S’agissant de la valorisation de cet accord dans son du volet commercial, le ministre du Commerce considère qu’«une analyse approfondie au préalable doit être engagée pour dégager une démarche cohérente et de rigueur pour faire évoluer cet accord vers un accord dynamique reflétant les objectifs de notre politique économique». Interrogé sur l’intérêt de l’Algérie pour adhérer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Amara Benyounès l’explique par la volonté de l’Algérie de «moderniser son économie sous l’effet de la concurrence» et aussi de «jouer un rôle dans la définition des règles du commerce international». Il explique que la baisse du tarif douanier engendrera une légère modification de la structure du commerce extérieur «compte tenu du démantèlement tarifaire opéré au titre de l’accord d’association et de la Grande Zone arabe de libre-échange». Benyounès se dit enfin convaincu que «le plus grand danger pour l’économie nationale, pour sa diversification et pour la préparation de l’après-pétrole ne réside pas dans son intégration au système du commerce international qu’incarne l’OMC, mais plutôt dans sa marginalisation».
R. Mahmoudi
 

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