Les sous-entendus de Bouteflika à ses ministres : «Vous gaspillez trop, réduisez les budgets !»

Lors du conseil restreint consacré aux développements enregistrés par le marché pétrolier international et leurs retombées sur la démarche économique et sociale du pays, le président Abdelaziz Bouteflika «avoue» qu'il n'y a pas de maîtrise des coûts dans la réalisation des projets qui sont réévalués sans cesse et dont les délais de réalisation sont repoussés d’année en année, grevant lourdement le budget de l’Etat. Le Président recense en fait dans ses directives au gouvernement toutes les tares qui ont caractérisé la gestion économique du pays, ces dernières années, et qui suscitent aujourd’hui beaucoup d’appréhension, au lendemain de la chute drastique des prix du pétrole qui a perdu 50 % de sa valeur depuis le mois de juin 2014. Lors de ce conseil, Bouteflika reconnaît qu'il y a du gaspillage, que les importations ne sont pas rationalisées, que le contrôle des opérations de financement du commerce extérieur n'est pas efficace, ou n'existe même pas, que la fuite des capitaux fait des ravages, que des mesures d'austérité drastiques ne sont pas à exclure dans les trois prochains mois si les prix du Brent ne remontent pas sur le marché international. Bref, le Président concède que les choix économiques du gouvernement ont échoué malgré une aisance financière qui a duré une dizaine d’années et qui n’a jamais été égalée dans l’histoire du pays. Pour s’adresser à la population, le Président n’a pas trouvé mieux que d’instruire le gouvernement de «tenir l'opinion publique informée des réalités et des enjeux de la crise actuelle des prix du pétrole. Pour permettre de rassurer la population et de la mobiliser». Une déclaration quelque peu étonnante d’un pouvoir qui a toujours oublié de consulter la population ou du moins de la tenir informée des choix et des réalités du pays. Le conseil tenu hier est lui-même intervenu plusieurs semaines après la chute des prix du pétrole, laissant le peuple à ses inquiétudes et à ses doutes au vu des risques que le pays encourt suite à la baisse de ses revenus et du manque de réactivité d’un gouvernement qui donne l’impression de naviguer à vue, sans stratégie claire. Les tâtonnements auxquels on assiste depuis quelque temps au sein des départements ministériels suite aux bouleversements sur le marché des hydrocarbures ne sont pas un indice réconfortant quant à la capacité de l’Exécutif de prendre en charge les problèmes du pays dans la conjoncture très difficile qui s’annonce si les cours du pétrole ne retrouvent pas une courbe ascendante dans les prochains mois.
Meriem Sassi
 

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