Les Algériens n’oublieront jamais la France colonialiste

Les Algériens dignes de leur algérianité ne devraient en aucun cas effacer de leur mémoire les 132 années d’occupation colonialiste. Ni oubli ni page tournée, tant que cette France n’a pas reconnu ses crimes perpétrés en Algérie et même après le recouvrement de la souveraineté nationale. Durant le règne mitterrandiste, l’Algérie a payé un prix plus que celui payé en 1954-1962. François Mitterrand a toujours travaillé dans l’unique but de l’isolement de l’Algérie, soutenu bien sûr par des pieds-noirs nostalgiques de l’Algérie française et il faut le dire les mauvais coups des services français. Alors que les islamistes n’étaient en réalité que des dés manipulés par le quai d’Orsay. Une ingérence française déguisée qui a conduit un jour le militaire non diplomate le général Liamine Zeroual à refuser de recevoir le président français à New York. La politique française durant cette période s’est forcée à montrer au monde une fausse image par le «soutien sans condition à l’Etat algérien», alors que d’un autre côté, comme nous l’attestons en suivant ces événements en France, des extras avaient toujours manipulé l’opposition algérienne, comme la dame devenue chef d’un parti «d’opposition» reconnu et qui siège à l’APN. Elle avait bénéficié dès le début des années 80 d’un soutien financier pour animer à Paris des journées de conférence critiques de la politique algérienne sur la femme. Certains politiques français avaient supervisé l’autre guerre d’Algérie.
Mais la France avait toujours activé à contre-courant, avec l’accueil d’individus se réclamant «réfugiés politiques». Profitant de la pagaille provoquée par des islamistes, ces individus se sont montrés persécutés tantôt par les islamistes et tantôt par le pouvoir qu’ils avaient qualifié de policier et totalitaire. Les documents officiels que nous avons consultés nous donnent qu’entre 1989 et 1993, le nombre d’Algériens de demandeurs d’asile politique est passé de 101 à 1 099, 14 nouveaux demandeurs enregistrés en 1993 et 10 en 1994, mais le nombre de demandeurs d’asile territorial, c'est-à-dire une immigration ordinaire, se comptait par dizaine de milliers d’Algériens, hommes, femmes et enfants. Cependant, la régularisation des papiers de ces demandeurs s’est effectuée, selon l’avis d’un service créé spécialement pour cela, de telle sorte que seules les personnes dévouées à la cause française et son passé en Algérie étaient acceptées. A cette époque, les familles des traîtres et harkis se sont dévoilées et elles étaient faciles à manipuler. La Cimad avait accueilli des centaines d’individus, et sous la couverture du Secours catholique, ceux-ci recevaient les aides financières. Cet afflux s’est caractérisé par la suppression en décembre 1994 des dispositions dérogatoires favorables aux Algériens en matière de délivrance de visas. Sans que les autorités algériennes compétentes n’agissent. Une violation des lois caractérisée que beaucoup d’Algériens ignorent jusqu’à maintenant. Cette violation de dérogations a d’ailleurs soulevé les protestations d’un certain nombre d’intellectuels français. Mais sans les responsables algériens. Au point que des Algériens se sont sentis méprisés par le pouvoir en place. Beaucoup de responsables algériens et de journalistes étaient connus par leur dévouement à la France et leur présence permanente dans les centres culturels en Algérie. A ce jour, ils obtiennent le visa et les titres de séjour sans peine et sans humiliation par rapport aux autres citoyens algériens toujours considérés comme des indigènes par les deux représentations consulaires française et espagnole qui ont trouvé un fonds de commerce avec des frais de visa sans le délivrer. Une arnaque du siècle, d’autres selon leur déclaration ne pouvaient agir autrement que de suivre le créneau illégal, pour obtenir ce papillon sur leur passeport. Des personnes irréprochables, intègres et des étudiants universitaires se font refuser la délivrance de visa, alors que n’importe quel Français ou Espagnol l’obtiendrait avec facilité auprès de nos consulats !
Le projet d’incrimination du colonialisme
Le projet d’incrimination du colonialisme français fait peur à la France officielle et aussi à beaucoup d’Algériens, en particulier ceux issus de familles très dévouées à la cause française durant l’occupation. Ce terme criminalisation est très important, il explique que les crimes commis et les massacres perpétrés par l’armée, la police, les colons armés contre la population algérienne pendant 132 ans sont appelés à être reconnus juridiquement.
Ce n’est pas de la repentance qu’on demande à la France. La France a oublié ses guerres coloniales et leur impact sur les occupés ou les colonisés. Elle préfère parler du rôle positif de la colonisation plutôt que d'ouvrir la boîte de Pandore. La France se situe, officiellement, dans une espèce de déni. L'Algérie, dans son passé français, fait partie des sujets auxquels on ne veut pas accorder trop d'importance. La mémoire du conflit aurait probablement été traitée différemment s'il s'était agi de non-Européens. Comme en France, pour les sujets qui concernent la colonisation – nous pensons à la reconnaissance de la guerre d'Algérie, en 1999, par les parlementaires –, c'est la voie législative qui a été privilégiée en Algérie. Eric Besson, alors ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, a d'ailleurs qualifié ce texte de trop «sensible». Pour Thierry Mariani, il serait méprisant envers les harkis. Parce que le sujet est encore sensible, il faut absolument en parler. Rappelez-vous les cicatrices monumentales qu'a laissées la guerre de 1939-45 en France et en Allemagne. Elles n'ont pas empêché le dialogue de se créer. Mais il a fallu une volonté politique extraordinaire pour l'entamer. Ensuite, peut-être faut-il s'interroger sur l'origine et la trajectoire des différentes personnalités politiques qui ont réagi à cette proposition de loi. Qui en France n'est pas lié, d'une manière ou d'une autre, aux anciennes colonies françaises ? Les rares initiatives ne sont jamais parties du sommet de l'Etat et ont toujours coûté beaucoup d'efforts aux Français. En février 2005, l'ambassadeur de France en Algérie, Hubert Colin de Verdière, a reconnu l'existence du massacre du 8 mai 1945. Mais il l'a imputé aux dissensions entre communautés, au lieu d'admettre la responsabilité de la France. De même, le 8 février 1962, la police française a réprimé dans le sang, à Paris, une manifestation rue de Charonne contre l'Organisation de l’armée secrète (OAS). Les responsables, dont Maurice Papon, n’ont jamais été inquiétés. En 1966, la France a tiré volontairement, pour se dérober des poursuites internationales, un trait en amnistiant tous les assassins et les criminels des événements liés à la guerre d'Algérie. Mais le dossier existe et existera tant que l’Algérie existe ! Il a fallu attendre 1994 pour qu’un dossier bien élaboré sur l’exigence des réparations de cette France soit déposé auprès du secrétariat général de l’Union européenne, étudié à plusieurs reprises sans donner de suite et sans que l’Etat algérien n’intervienne. Il a fallu aussi attendre 2007 pour qu'une plaque commémorative soit apposée sur les lieux des affrontements. Et ce n'est pas l'Etat, mais la mairie de Paris, qui l'a renommé «place du 8 février 1962». Après chaque conflit dans lequel la France a été impliquée, elle opte pour une politique de réconciliation nationale, afin d'éviter les conflits internes entre partisans de «causes» opposées. Ainsi, la France ne s'est pas débarrassée de tous ceux qui ont collaboré avec le régime de Vichy et leur a même permis, pour certains, de conserver leur poste après-guerre. Idem pour l'Algérie. La France a connu sur son territoire une organisation terroriste : l'OAS. Aujourd'hui, elle cherche encore à ménager les susceptibilités. Pour l’ex-président français Nicolas Sarkozy, admettre la responsabilité de la France serait la dénigrer. Il l'a dit lors de l'un de ses déplacements en Algérie. Alors le président de l’APN, semblait rappelé à l’ordre pour mettre en veilleuse le projet d’incrimination du colonialisme qui a été élaboré par des députés, parmi eux des députés du FLN, ce qui a poussé l’ancien ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à sortir de sa réserve en accusant le FLN d’être une entrave aux dialogues. Ce qui est probablement certain, c’est que François Hollande ne peut pas dire plus que ce qui a été dit par ses prédécesseurs.
Cheikh Hamdane
 

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