Ali Benflis : «Le pays devient de plus en plus ingérable»

L’ancien candidat à la présidentielle d’avril 2014, Ali Benflis, réitère ses inquiétudes quant à l’avenir de l’Algérie, qui s’enfonce, selon lui, «dans une crise de régime» inédite. Brossant un tableau noir de la situation politique et socioéconomique du pays lors d’une conférence animée aujourd’hui mardi au siège de son nouveau parti, le coordinateur du Pôle des forces du changement affirme que «la vacance du pouvoir devient de jour en jour ingérable, y compris pour ceux qui ont fait de sa seule gestion leur priorité absolue et leur objectif ultime». Ali Benflis parle ainsi d’un pays qui «n’a plus de guide», «plus de visibilité quant à son devenir» et encore «plus de perspectives autres que celles que lui offre un régime plus attaché à sa survie que soucieux du sort de toute une nation». Ce qui aggrave l’inquiétude de ce dirigeant politique, ancien chef du gouvernement, c’est le fait qu’«en ces moments où s’amoncellent les périls politiques, économiques et sociaux, nul ne sait qui est aux commandes de l’Etat ni où se situe le centre de la décision nationale et qui la prend». Cela renforce ainsi sa conviction que la dernière présidentielle n’a pas servi à élire un président, mais plutôt à «reconduire la vacance du pouvoir» qui devient de plus en plus flagrante et pesante. Il attribue ainsi tous les dysfonctionnements dans la gestion des affaires de l’Etat à cette vacance du pouvoir «qui a fait perdre à l’Etat sa première source d’inspiration, de direction et de décision». «Voilà l’incertitude et la précarité dans lesquelles la vacance du pouvoir met le destin de tout un peuple. Et voilà les approximations, les improvisations et les errements auxquels cette même vacance du pouvoir soumet la gestion des affaires de l’Etat», souligne-t-il, estimant que le pays est aujourd’hui face à des choix et des défis qui définiront son avenir. Un choix, précise-t-il, entre «un régime politique dont la nature est associée à l’immobilisme et à la régression et un régime politique porteur de perspectives d’avenir et de motifs d’espoir». Pour lui, toutes les tensions que vit actuellement le pays au nord comme au sud sont dues à cette vacance du pouvoir qui s’accommode d’un gouvernement défaillant, désorienté et livré à lui-même. «Lorsqu’un pouvoir personnel fait primer le souci de sa durée sur toute autre considération et lorsqu’un régime politique place ses intérêts propres au-dessous de l’intérêt général, l’aboutissement d’une telle logique ne peut être qu’un Etat fragilisé, une nation menacée dans sa cohésion et une société dévitalisée», soutient-il encore. Qualifiant de «fable» le projet de révision constitutionnelle, Ali Benflis assure que les problèmes du pays ne sont pas dans ce texte déjà trituré en 2008, mais bien dans «un pouvoir personnel devenu incapable d’assumer toutes les prérogatives constitutionnelles qu’il a monopolisées et un régime politique non démocratique qui a fait son temps et auquel il faut mettre un terme pour le bien de notre peuple et dans l’intérêt de notre pays». Il a rappelé dans ce sillage la guerre d’usure livrée sans relâche à l’opposition. Il insiste encore sur le fait que cette vacance rend le pays plus fragile face aux menaces extérieures, en particulier dans notre voisinage immédiat, où les périls s’alourdissent et les menaces s’amoncellent ». Ali Benflis décrit ainsi un pays menacé dont le premier responsable de la sécurité nationale est dans l’incapacité d’être à son poste de commandement.
Rafik Meddour
 

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