Après la mort du roi Abdallah Ibn Abdelaziz : la stabilité de l’Arabie Saoudite est-elle menacée ?

Bien que prévisible depuis quelque temps, la disparition du roi Abdallah va exacerber les craintes des pays occidentaux qui misent actuellement sur le rôle de leur fidèle allié pour parachever leur plan de reconfiguration de la région. En moins d’une année, Riyad a réussi à reprendre le leadership politique du monde arabe à l’émirat du Qatar, après avoir été en retrait des grands événements ayant secoué la région depuis 2011. En soutenant les mouvements dits «contre-révolutionnaires» en Egypte et en Libye, l’Arabie Saoudite, sous la férule de son vieux souverain, est apparue comme un puissant bouclier contre le déferlement des Frères musulmans, mais sans jamais renier pour autant son soutien actif aux autres factions fondamentalistes activant notamment en Syrie, en Irak et au Yémen, où les islamistes d’Al-Qaïda combattent ouvertement les milices chiites. Car si, officiellement, le royaume dit lutter contre les djihadistes sur son propre territoire, son attitude n’en est pas moins ambiguë sur la présence massive de Saoudiens au sein des réseaux terroristes internationaux tels qu’Al-Qaïda et l’Etat Islamique en Irak et au Levant (Daech). D’autre part, l’absence de toute réforme interne du régime en place, fondé idéologiquement sur l’un des systèmes les plus rétrogrades et les plus rigoristes de la planète, comme le montre l’application des lois scélérates contre des blogueurs ou des opposants politiques, ne favorise pas, théoriquement du moins, l’élargissement de cette alliance à d’autres pays en proie à des menaces terroristes. Or, ce qui a toujours motivé l’Arabie Saoudite, c’est de maintenir son leadership, non seulement dans le monde arabe face à une Egypte durablement fragile, mais aussi dans tout le monde musulman. C’est ainsi que sa rivalité traditionnelle avec l’Iran est présentée dans les discours et dans les puissants médias détenus par des Saoudiens comme étant la cause de tous les sunnites. Par ailleurs, ce repositionnement géostratégique de la monarchie wahhabite coïncide avec une conjoncture économique qui lui est totalement favorable, grâce à sa position dans la récession pétrolière actuelle. Il est un secret de polichinelle que la chute des cours du pétrole, qui menace aujourd’hui les économies de tant de pays arabes, est due essentiellement au maintien du volume de production voulu par les Saoudiens, qui refusent obstinément de renégocier un plafond, alors qu’ils en sont les premiers producteurs. Cela dit, pour nombre d’observateurs, cette double hégémonie exercée par Riyad risque de ne pas durer, dès lorsqu’elle tient à un facteur qui est encore loin d’être garanti : la stabilité interne du royaume.
R. Mahmoudi

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