Un site français dépoussière une émission sur un terroriste algérien pour exacerber l’islamophobie

«Moi, j’ai perdu, mais d’autres viendront. Ici, nous sommes chez nous, vos femmes porteront le hijab et on montera jusqu’en Europe du Nord.» Ces propos avaient été rapportés par l’ex-patron du renseignement français Bernard Squarcini, qui a livré son témoignage au cours de l’émission «Faites entrer l’accusé» diffusée le 17 décembre 2006 et consacrée à «Khaled Kelkal. Ennemi public n°1», sur la chaîne France 2. Squarcini attribuait ces paroles à Boualem Bensaïd qu’un site français d’information – Novopress qui vient de rappeler cette émission – présente comme «un Algérien membre du GIA et l’un des principaux responsables de la vague d’attentats islamistes commis en France en 1995, notamment celui du RER B à St-Michel. Il a été arrêté à l’automne 1995». Novopress signale qu’«emprisonné depuis son arrestation en novembre 1995, Boualem Bensaïd purge deux autres peines de dix années de prison et de trente années de réclusion criminelle, prononcées pour d’autres faits en rapport avec la campagne d’attentats de 1995». Venant après les récents attentats de Paris et alors que tous les discours responsables en France rejettent l’amalgame entre islam et terrorisme, le rappel fait par ce site est loin d’aller dans ce sens. Au contraire, il contribue à alimenter l’islamophobie par la stigmatisation des musulmans. Le ministre algérien des Affaires religieuses a attiré tout dernièrement l’attention sur les conséquences de l’islamophobie sur les musulmans en France. Le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdellah Zekri, a fait savoir, il y a deux jours, que plus de 110 actes antimusulmans ont été dénombrés en France, depuis l'attentat contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo. A propos de cet attentat, le ministre algérien a insisté sur le fait que le terrorisme ne pouvait avoir ni nationalité ni religion. Or, en faisant référence à la religion musulmane et à la nationalité algérienne d’un terroriste condamné dans une affaire déjà vieille, ce site contribue ouvertement à l’islamophobie, c'est-à-dire au racisme antimusulman. Ce n’est pas une surprise de la part de Novopress qui fait l’apologie du colonialisme que l’histoire a assimilé à une action des plus barbares et qui a utilisé le terrorisme pour tenter de se maintenir. Les Algériens en savent quelque chose, eux qui ont été les cibles des criminels de l’OAS. Mais ne craignant pas de se contredire, ce site nous apprend qu’«une dizaine d’anciens militaires français combattent désormais sous une bannière djihadiste en Syrie et en Irak. Agés d’une vingtaine d’années et tous anciens soldats de l’armée française, certains seraient même devenus des cadres de l’Etat Islamique». Ces terroristes sont donc Français et pas Algériens. Sont-ils musulmans ? Ce n’est pas sûr. «On a affaire à des jeunes qui parfois utilisent leurs expériences militaires acquises en France et les mettent à contribution au sein de l’Etat Islamique pour former les nouvelles recrues. Un de ces jeunes actuellement au combat dirige un groupe d’une dizaine de Français qu’il a lui-même formés au combat. Certains sont des jeunes convertis qui n’étaient pas du tout issus de foyers musulmans», explique David Thomson, journaliste à RFI cité par Novopress qui précise que «le ministère français de la Défense a confirmé l’existence de ces hommes, mais a préféré minimiser le problème». La lutte contre le terrorisme exige de mettre de côté leur nationalité actuelle, l’origine ou la religion qu’ils affichent pour couvrir leurs crimes.
Houari Achouri

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