Lutter contre le gaspillage par l’efficacité énergétique en Algérie

Maîtriser l’énergie c’est satisfaire la demande de services liés à l’énergie dans les conditions les meilleures de coût économique pour la collectivité. L’objectif est donc de fournir le maximum de TEP par habitant et d’assurer dans les meilleures conditions possibles l’obtention des services requérant de l’énergie. Les pays riches peuvent certes économiser beaucoup plus d’énergie que les pays pauvres en adoptant les techniques plus performantes ou en modifiant leurs comportements, ce qu’on appelle l’économie d’énergie. Le concept de l’économie d’énergie est apparu assez récemment (premier choc pétrolier) dans les préoccupations des politiques énergétiques. Il conserve encore pour certains une connotation péjorative puisqu’il est synonyme de pénurie. En fait, il faut admettre qu’il est aujourd’hui une composante essentielle de toute politique énergétique cohérente, dans les pays en développement comme dans les pays industrialisés, que l’on parle «d’économie» d’énergie, de «maîtrise» de l’énergie ou «d’utilisation rationnelle» de l’énergie. Au sens large, l’économie d’énergie mesure les gains d’efficacité énergétique induits par les évolutions de contenu et les évolutions structurelles. Au sens strict, l’économie d’énergie mesure les gains d’efficacité énergétique induits par les seules évolutions de contenu, lesquelles résultent à la fois des modifications dans la technologie et dans la façon de s’en servir. Connaître sa consommation d’énergie est la première étape d’une démarche de réduction de cette consommation. Pour réaliser ces économies, une étude et un suivi des facteurs du gaz et d’électricité sont nécessaires. Ces études permettront de vérifier qu’il n’y a pas d’erreur sur les facteurs eux-mêmes, de détecter les changements de tarif et de surveiller l’évolution de la consommation en comparant les facteurs avec ceux des années précédentes aux mêmes périodes. Pour connaître précisément sa consommation d’énergie, on peut réaliser un diagnostic énergétique. Le diagnostic énergétique est une prestation réalisée par un expert, ayant pour but de mieux maîtriser la consommation d’énergie d’une entreprise en identifiant les sources potentielles d’économie d’énergie. Pour cela, il est nécessaire d’identifier les différents postes consommateurs, de les analyser, et de trouver les modifications à apporter pour optimiser leur consommation d’énergie. Ce diagnostic se compose d’une visite préliminaire pour que le prestataire découvre le site et fasse ses premières investigations, d’une série de mesures qui serviront de base pour l’analyse, la détermination des sources d’économie d’énergie à partir des mesures et de la rédaction d’un rapport.
Amélioration de l’efficacité énergétique au niveau des appareils ménagers
L’objectif de l’efficacité énergétique consiste à produire les mêmes biens et services, mais en utilisant le moins d’énergie possible. On peut distinguer l’amélioration de l’efficacité énergétique dans le secteur résidentiel et l’amélioration énergétique des logements existants. De nombreuses activités sont concernées par l’amélioration de l’efficacité énergétique des logements existants : travaux d’isolation et de pose des ouvertures, fabrication et distribution des fournitures (matériaux d’isolation, fenêtres et portes isolantes). Au sein de ces activités il est impossible d’isoler des entreprises spécifiquement engagées dans l’amélioration énergétique des logements existants : toutes les entreprises appartenant à ces branches d’activité produisent non seulement pour l’amélioration de l’efficacité énergétique des logements existants, mais également la construction neuve, la fabrication et la distribution de matériaux et de fournitures destinés à l’ensemble des marchés du bâtiment. Avec les interventions sur les systèmes de chauffage eux-mêmes (remplacement des chaudières, meilleure régulation), l’isolation des logements et le remplacement des ouvertures par des portes et fenêtres plus performantes constituent les principales mesures pour atteindre cet objectif. L’auteur donne quelques illustrations. Premièrement les chaudières à condensation : la quasi-totalité des fabricants de chaudières a une offre de chaudières à condensation, qu’il est quasiment impossible, sans enquête spécifique, de séparer, dans les données publiées, de leur production de chaudières standard. La fabrication d’équipements pour le chauffage central (chaudières et radiateurs) est une industrie assez lourde et le nombre d’entreprises est réduit. La plupart des fabricants sont classés dans la «fabrication de radiateurs et de chaudières pour le chauffage central». Deuxièmement, la régulation chauffage et ventilation : parce qu’elles sont moins visibles que les «grandes » interventions destinées à réduire la consommation énergétique des logements et plus généralement des bâtiments (travaux d’isolation, remplacement des ouvertures, pose de chaudières à condensation, etc.), la régulation et la ventilation sont souvent négligées, aussi bien par les ménages que par les prescripteurs. Elles permettent pourtant des économies d’énergie importantes et présentent des rapports coût/économie plus favorables que les «grandes» interventions. La ventilation mécanique contrôlée est un dispositif destiné à assurer le renouvellement d’air du logement et réduire l’humidité, consistant à forcer la circulation d’air dans un logement à l’aide d’un ventilateur et gaines de ventilation. Il permet de réduire les pertes énergétiques dues à l’aération naturelle en hiver. Troisièmement, les lampes fluorescentes compactes (LFC) : au cours des dernières années, la diffusion des LFC a été favorisée par l’élargissement de la gamme : forme, taille et type des culots, esthétique. Les LFC sont également devenues plus performantes en termes de durée de vie et de capacité d’éclairage, de rapidité de montée en régime, de spectre de couleur, etc. Cependant, le principal déterminant de l’évolution a été l’adoption au niveau communautaire d’un calendrier de retrait du marché des lampes à incandescence, calendrier dont les échéances ont été raccourcies au niveau national. Une nouvelle fiche d’opération standardisée sur les LFC a été élaborée qui tient compte, d’une part, de l’évolution du marché des lampes fluocompactes, caractérisé par la baisse de la puissance moyenne, d’autre part, de la baisse de la durée moyenne d’utilisation les lampes fluocompactes actuellement achetées et de l’allongement de leur durée de vie. Enfin, du fait que le marché devient progressivement un marché de remplacement. Ces lampes sont fréquemment utilisées dans l’industrie et le tertiaire, mais encore peu dans le résidentiel, parce que le consommateur individuel est à la fois mal informé et peu attiré par un produit qui s’apparente à un investissement, compte tenu de son prix et de sa durée de vie. Le potentiel d’efficacité économique à exploiter reste donc considérable. Mais les économies peuvent se faire dans d’autres appareils ménagers : depuis, sous la pression des politiques des maîtrises de l’énergie, l’efficacité des réfrigérateurs a considérablement augmenté. De nouveaux progrès dans ce sens sont attendus d’une isolation de plus poussée. Outre celle des réfrigérateurs et congélateurs, l’efficacité de tous les autres appareils ménagers pourrait aussi être accrue. L’efficacité des machines frigorifiques dépend de leur plus ou moins bonne isolation et de la performance du compresseur.
L’amélioration de l’efficacité énergétique dans les transports
Les paramètres accessibles pour réduire la consommation d’énergie finale sont, d’une part, la masse et l’accélération, d’autre part, la vitesse et les qualités techniques des véhicules. La possibilité d’agir sur chacun d’eux varie avec chaque moyen de transport (routier, ferroviaire, maritime ou aérien), d’où l’importance de la structure modale des transports pour expliquer l’efficacité des usages énergétique de ce secteur. Dans ce cas, l’auteur développe plusieurs axes intéressants, dont le développement des infrastructures ferroviaires. Le développement des transports ferroviaires est au centre des préoccupations gouvernementales en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Train à grande vitesse excepté, l’efficacité énergétique de la plupart des moyens de transport terrestre, en conditions réelles d’utilisation (moyennant donc des hypothèses de taux d’occupation), devrait continuer à croître au cours des prochaines décennies. Nous avons également les économies d’énergie au niveau des bus à haut niveau de service. En matière d’augmentation de l’efficacité des transports collectifs urbains, destinée à freiner l’usage de la voiture particulière et lutter contre le réchauffement climatique, le tramway a précédé le BHNS. En France, dans les années 80-90, lorsque les problématiques environnementales ont fait leur apparition, le tramway s’était imposé comme solution de surface la plus performante en matière d’augmentation d’efficacité et d’attractivité des transports collectifs dans les villes, l’autobus souffrant alors d’une image négative suite à une dégradation de ses performances, mais aussi d’un déficit d’innovation technologique majeure. La problématique de l’autobus comme solution équivalente au tramway n’est apparue que plus tard, à la fin des années 90, dans un contexte de limitation des budgets des collectivités, suite à la diminution des subventions de l’Etat. Le tramway s’est alors trouvé pénalisé aussi bien par son coût élevé que pour son inadaptation au contexte des agglomérations moyennes. Les économies d’énergie liées aux mises en service des BHNS sont calculées en multipliant le nombre de voyageurs-kilomètres par le différentiel des consommations entre les BHNS et les autres modes de déplacement en tenant des reports modaux. Pour un milliard de voyageurs-kilomètres, l’économie d’énergie par rapport aux autres modes de déplacements est estimée à 17 tep.
En résumé, la plus grande réserve de gaz et de pétrole pour l'Algérie, ce sont les économies d'énergie pouvant aller de 15% à 20%, pouvant économiser au vu de la consommation actuelle 4 milliards de mètres cubes gazeux par an, et cumulé horizon 2015/2030, avec une progression arithmétique plus de 90/100 milliards de mètres cubes gazeux. Dans ce cadre, comment ne pas rappeler que le coût actuel du projet Galsi d'environ 4 milliards de dollars concerne seulement 8 milliards de mètres cubes gazeux. Cela implique de revoir notamment les politiques actuelles désuètes de l'habitat et du transport, et un large débat national sur les subventions actuellement non ciblées, sources de gaspillage d’énergie et de fuites de produits hors des frontières, impliquant un système d’information transparent sur la répartition des revenus tant spatiales (par régions) que par catégories socioprocessionnelles. Tout cela pose la problématique du futur modèle de consommation énergétique dont les axes doivent être définis par le Conseil national de l’énergie, fonction d’une cohérence et visibilité dans la réforme globale et donc de la gouvernance globale du pays.
Professeur Abderrahmane Mebtoul
Professeur des universités

 

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