Ils entrent se faire soigner à Beni Messous, ils en ressortent aveugles

Le plus étrange dans l’histoire de ces malades qui ont perdu la vue alors qu’ils se sont rendus à l’hôpital de Beni Messous pour s’y faire soigner de problèmes de vue, c’est le peu d’intérêt qu’une affaire aussi grave a suscité aussi bien dans l’opinion publique qu’auprès des responsables. C’est dans la revue des personnes en situation de handicap en Algérie, Vouloir, que les victimes ont trouvé refuge pour exposer leur calvaire qui dure depuis des années. L’affaire remonte à juillet 2007, raconte l’une d’entre elles. Admise au service d’ophtalmologie de l’hôpital de Beni Messous, cette victime ainsi que 29 autres ont été prises en charge par un médecin qui leur a proposé un nouveau médicament que seuls trois pays dans le monde possèdent, dont l’Algérie. Les malades reçurent une injection dans chaque œil, mais les effets néfastes de ce médicament ne tardèrent pas à se manifester. Parmi les 30 patients, plusieurs ont perdu la vue à jamais. Peu soucieux de ce drame, le médecin traitant se serait contenté de prescrire un nouveau traitement, selon le témoignage des deux victimes à la revue spécialisée, qui croient savoir que le médicament à l’origine de leur cécité serait un traitement contre le cancer du côlon (?). Incapables de faire entendre raison aux responsables de leur mal, refoulées qu’elles furent à chaque fois de l’hôpital en question, les victimes décidèrent d’intenter un procès contre le médecin et le chef du service qui sera disculpé, tandis que le médecin traitant écopera d’une peine de six mois de prison avec sursis et un dédommagement de trois millions de dinars pour les plaignants au nombre de cinq. Ces derniers, raconte une des victimes, ont rejeté le verdict, trop clément à leurs yeux, et refuser de toucher les trois millions de dinars qui, disent-ils, ne suffiraient pas pour se faire soigner à nouveau, mais pas en Algérie. Et comme un malheur ne vient jamais seul, cette somme a été ramenée à 600 000 DA. D’autres victimes parlent d’opérations ratées qui ont conduit à une perte de la vue, mais qui n’ont, étrangement, jamais inquiété les chirurgiens qui en sont responsables et qui répondent tous que «cela est normal», selon les témoignages recueillis par Vouloir, un magazine distribué par des bénévoles. Une affaire qui relance le débat sur les erreurs médicales de plus en plus fréquentes en Algérie et l’absence de lois qui protègent les malades qui en sont victimes.
Lina S.
 

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.