Algérie : la crise, la chance et le choix

La faillite de la politique mise en œuvre par les différents gouvernements de la régence depuis la forte hausse du prix du pétrole, qui coïncide avec la fin de la décennie noire jusqu’à ce jour, est consommée. En ce début du XXIe siècle, le résultat est désastreux : chômage, corruption, non-droit, bureaucratie, laxisme, perte des valeurs, perte des normes universelles, culture de l’import-import, manque d’éducation, perte du pouvoir d’achat, et le pauvre qui s’appauvrit de plus en plus et le riche qui s’enrichit de plus en plus. Tel est le constat amer de cette appréciation : une nouvelle société algérienne est née, désœuvrée par une distribution insensée de la rente pétrolière. La rente nous fait honte et tout déflagre de partout sans que rien ne se passe d’extraordinaire dans cet espace social. Nous sommes les premiers au monde en matière de la fabrication du mal (corruption…) et les derniers en matière de création de biens et services. L’absence totale de sanctions dans ce bled fait que celui ayant commis le plus de gaffes se trouve promu pour un meilleur poste de responsabilité. Pas de contrôle dans ce pays, chacun peut amasser la fortune sans jamais se soucier de qui que ce soit. Pas de règles de conduite dans cette société, le «tag ala man tag», et «oua el houta el kabira takoul el houta essaghira». De l’autre côté, face à cette situation narrée ci-dessus, il y a des «bouliticiens», de gros «ghachi» et de petits citoyens, un bon peuple composé de petits esprits de tribus, de zaouïas, de marabouts, de clan de régions et des médias qui regardent plus la cagnotte de l’Anep que les problèmes de société. Dans cette macédoine, il y a l’homme : il est petit ou grand, honnête ou malhonnête, intègre ou injuste… Le fait est qu’il y a un homme qui se nomme «algérien», il compose cette société, à l’intérieur de ce bled. Il ne fait que tourner en rond, face à une multitude de problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels. Son énigme se résume à cette question qui lui colle à la peau, et il devrait la poser pour trouver la bonne réponse. C'est-à-dire devant ce qu’il possède dans son crâne : un esprit rationnel, hypocrite, égoïste, idéologique avec ses «ismes» de modes de société… Cet enchaînement d’éléments composant la crise économique, sociale et culturelle sème douleur, désolation, stress, et peur. C’est bien cette crise multidimensionnelle qui a fécondé la crise de la perte de confiance ; l’Algérie est en train de vivre une excroissance de malheurs, de douleur, d’autisme et de refus de l’autre en tant que «bouliticien», institutions vides, etc. Ceci va nous entraîner vers une autre nouvelle crise, celle de ne pouvoir plus vivre ensemble dans une cité, dans un pays où tout peut engendrer le risque de dislocation et c’est peut-être l’objectif de l’ancienne colonie ou ses vassaux internes et le nouveau maître du monde que les oligarchies sont en train de préparer en attendant ce statu quo mortel. La perte de confiance engendre la perte de l’espoir, ces deux concepts enfantent forcement la colère, mais quand ça touche une catégorie ou un segment de la société, le «tsunami» de l’agitation risque de semer le désordre, la pagaille et même l’incendie dans les cités du pays, mais aussi le risque de la partition suivant l’esprit de la tribu, de la région… Ne nous leurrons pas, cette vague de violence a déjà pris acte dans certaines régions, elle n’est que la conséquence de la crise du vivre ensemble, de la crise de confiance et donc de la crise économique. Quelle en est la cause ? L’absence de modèle de développement, de dialogue civilisationnel, de stratégie, de fonctionnalité des règles de l’Etat, de justice et d’équité a engendré la crise économique, puis les crises sociale et culturelle, semblables à un oued en crue. Le peuple est une notion abstraite, mais «ghachi» est bien concret, un des deux doit se prendre en charge et refuser pacifiquement les faux «prêts à tout» de ce pouvoir, ce système, ce régime. Instaurer une véritable République par une application rigoureuse des règles, des contrôles, du suivi et des sanctions exemplaires. Cette action ne doit en aucun cas être récupérée par les responsables politiques actuels. Nous les avons vus à l’œuvre : le mensonge, le ridicule, le laxisme, la permissivité et la complaisance représentent leurs normes, destructrices de la société, de l’Etat, de la République, de la morale et des valeurs universelles. Lorsque le prix du pétrole était à 140 dollars, on parlait plus du «sens des affaires», représenté par une production extraordinaire d’épiciers ou magasins de tous genres achalandés de produits «made in». Aujourd’hui que la crise refait surface, ces produits vont nous manquer certainement et cette situation risque de devenir inacceptable, alors, il est urgent de changer avant que le calvaire ne s’installe.
Mohamed Benallal
 

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