Affaire de l’autoroute : de lourdes peines de prison requises

Des peines de prison d'une année à 20 ans ont été requises vendredi par le procureur général contre les 15 personnes impliquées dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest dont le procès se déroule au tribunal criminel d'Alger. Le ministère public a demandé également dans son réquisitoire une amende de 5 millions de dinars contre chacune des 7 entreprises étrangères, à savoir Citic CRCC Chine, Cojaal Japon, Pizarroti Suisse, Caraventa Suisse, Isolux Corsan Espagne, SMI Canada et COBA Portugal, impliquées dans la même affaire. Le procureur général n'a pas émis de réquisitions concernant le 16e inculpé en fuite, Kouidri Tayeb. Une peine de 20 ans de réclusion criminelle assortie d'une amende de 8 millions de dinars ont été requises contre le principal accusé, Chani Medjdoub (conseiller de Citic CRCC Chine) pour commandement d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption et blanchiment d'argent. La même peine d'emprisonnement assortie d'une amende de 5 millions de dinars a été requise contre Khelladi Mohamed (directeur des nouveaux programmes de l'autoroute) pour organisation d'une association de malfaiteurs, perception de présents injustifiés, dilapidation de deniers publics, abus de fonction et corruption. Par ailleurs, une peine de 15 ans de réclusion assortie d'une amende de 8 millions de dinars a été requise contre Hamdane Rachid Salim (directeur de planification au ministère des Travaux publics) pour organisation d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption, blanchiment d'argent, abus de fonction et perception de présents injustifiés. La même peine a été requise contre Adou Tadj Eddine, homme d'affaires pour organisation d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption et blanchiment d'argent. Le procureur général a, d'autre part, requis 8 ans de réclusion assortie d'une amende de 8 millions de dinars contre Adou Sid Ahmed, homme d'affaires, pour organisation d'une association de malfaiteurs, corruption, trafic d'influence et dilapidation de deniers. La même peine d'emprisonnement assortie d'une amende de 1 million de dinars a été requise contre Ghalab El Khayar, investisseur, pour organisation d'une association de malfaiteurs et trafic d'influence. Trois ans de réclusion assortie d'une amende de 1 million de dinars ont été requises contre Ouzane Mohamed, dit Colonel Khaled, fonctionnaire au ministère de la Justice, pour trafic d'influence, corruption, abus de fonction et perception de présents injustifiés. Deux années de réclusion ont été requises contre Bouchama Mohamed, secrétaire général au ministère des Travaux publics pour trafic d'influence, perception de présents injustifiés et abus de fonction (Ghazali Ahmed Rafik, directeur des études à l'Agence nationale des autoroutes (ANA) pour corruption, trafic d'influence et perception de présents injustifiés) et Farachi Belkacem, cadre au ministère des Transport pour corruption, trafic d'influence et perception de présents injustifiés. Une année de réclusion a été requise contre les trois sœurs Ghareib pour complicité dans le blanchiment d'argent ainsi que contre les deux frères Bouznacha, commerçants, pour violation de la législation et du règlement relatifs aux changes et aux mouvements des capitaux de et vers l'étranger. Dans son réquisitoire, le représentant du parquet général a relevé l'extrême gravité de cette corruption à grande échelle qui touche l'économie nationale. «Cette affaire de corruption touchant le projet de l'autoroute Est-Ouest ainsi que d'autres projets de transport en Algérie ont terni la réputation économique du pays», a relevé le représentant du parquet. Il a ajouté que l'Algérie a été traînée devant les instances de l'arbitrage international par le groupe japonais Cojaal en relation avec le projet de l'autoroute Est-Ouest pour réclamer des sommes colossales, a-t-il martelé. Rappelant que le projet de l'autoroute Est-Ouest avait coûté à l'Etat des sommes faramineuses, il a relevé que l'accusé principal dans l'affaire, Chani Majdoub, avait perçu 4,89% du coût global du projet en question en forme de commissions. Selon le parquet, ce dernier, qui agissait pour le compte du groupe chinois Citic CRCC utilisait ses connaissances au ministère des Travaux publics afin d'obtenir des informations importantes permettant au groupe chinois de gagner illicitement des projets. Chani versait en contrepartie, en guise de récompense, des sommes d'argent colossales dans les comptes de ses sources, selon le procureur général. Il a pu avec la complicité étroite de Khalladi Mohamed et Adou Taj Eddine réunir des informations importantes émanant de hauts responsables aux ministères des Travaux publics et du Transport concernant des projets futurs en Algérie et en faire bénéficier les groupes étrangers incriminés dans cette affaire sous la forme de commissions, a déclaré le procureur dans sa plaidoirie. Usant d'une grande habilité dans le domaine des techniques bancaires et de financement, Chani et ses complices ont pu placer l'argent émanant de la corruption dans des comptes au Luxembourg, en Suisse et en France dans des comptes bancaires de sociétés fictives et dans des comptes de personnes de leurs connaissances telles les sœurs Ghareib qui sont accusées de complicité de blanchiment d'argent, a-t-il souligné.
R. N.

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