Une contribution de Rabah Toubal – L’Algérie nouveau sanctuaire pour les islamistes ?

L'islamisme, qui a été défait militairement à la fin des années 1990, a été insidieusement réhabilité depuis 1999 par Abdelaziz Bouteflika, installé et maintenu à la tête de l'Etat algérien par la force et la fraude massive. Bouteflika n'a jamais caché sa sympathie pour le courant islamiste, qui a, comme lui, une vision rétrograde de la vie politique et sociale algérienne. Cette réhabilitation précipitée a eu lieu à travers une réconciliation nationale boiteuse, qui a unilatéralement absous les criminels des différents groupes armés islamistes, majoritairement constitués en Algérie dans les années 1990, sans que leurs membres n'expriment de regrets ni demandent pardon aux familles de leurs nombreuses victimes ni à leurs victimes blessées, handicapées ou traumatisées à vie. Bien au contraire, les islamistes ont globalement fait montre d'une arrogance inouïe. La revanche politique des islamistes a été confortée par les avantages et privilèges économiques, financiers et judiciaires dont ils ont abusivement bénéficié de la part d'un pouvoir qui en a fait des alliés afin de se venger du peuple algérien et de l'ANP, qu'il n'a cessé d'humilier et d'affaiblir pour mieux dominer le pays et dilapider les deniers publics. Les barons de l'informel, qui représente plus de 60% de l'économie algérienne, et la mafia de l'argent, qui le soutient, sont les alliés objectifs d'un pouvoir essentiellement fondé sur le népotisme, le régionalisme et la corruption généralisée. De plus, rendu visiblement fou par le pouvoir, sinon, il n'aurait jamais accepté de se porter candidat en 2009 et pire encore en 2014, dans les conditions physiques et mentales que l'on sait, Abdelaziz Bouteflika est aujourd’hui l'allié des islamistes tunisiens, égyptiens, libyens et yéménites, entre autres, après avoir été celui des dictateurs de ces pays. En effet, la trompeuse prospérité actuelle de l'Algérie, qui est essentiellement due au renchérissement exceptionnel des prix du pétrole et du gaz et à une exploitation intensive de ces ressources naturelles non renouvelables, qui constituent, avec certains de leurs dérivés, plus de 98% des exportations algériennes, fait de l'Algérie la «Mecque» des islamistes, avec, sans aucun doute, l'aval de l'Arabie Saoudite, du Qatar, de la Turquie et de l'Iran, qui manipulent les différents groupes de la mouvance islamiste mondiale. En tout état de cause, nous assistons probablement à un remake des années 1980, lorsque l'Algérie de Chadli Bendjedid avait ouvert grandes ses portes aux islamistes du monde entier et à certaines de leurs figures emblématiques, qui ont profondément influencé la société algérienne, devenue l'otage du courant islamiste, dont les militants ont repris, ces dernières années leurs activités néfastes au sein de la société algérienne minée par de nombreux fléaux et maux sociaux, en disposant de surcroît des milliards de dollars de la corruption, comme butin d'une guerre que Madani Mezrag, l'«émir» de l'Armée islamique de salut (AIS), est convaincu d'avoir gagnée contre le peuple algérien qu'il méprise, à l'instar de son allié qui squatte le palais d'El-Mouradia depuis avril 1999. Ce dernier s'est vanté de son admiration pour les groupes terroristes islamistes, en déclarant à une chaîne de télévision étrangère, en 2000 : «Si j'avais 20 ans dans les années 1990, j'aurais certainement rejoint les maquis pour combattre le pouvoir algérien», oubliant qu'il avait passé ses «20 ans» entre Oujda, Bamako et Genève, tandis que les jeunes de sa génération se sacrifiaient par milliers pour le pays et vivaient les affres du colonialisme sauvage. Sauf miracle, donc, la grande vulnérabilité politique, économique et sociale actuelle de l'Algérie ne pourra pas lui permettre de faire face efficacement au travail de sape, auquel la très pernicieuse mouvance islamiste, répandue au sein de l'opposition politique et de la société civile algérienne, et ses alliés du pouvoir se livrent déjà, afin de ne pas tomber dans l'escarcelle islamiste, comme le souhaite le clan présidentiel depuis avril 1999.
Rabah Toubal
 

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