La sœur d’une victime franco-algérienne : «Mon frère a bel et bien été torturé au Maroc»

Il y a quelques jours, Algeriepatriotique a livré en exclusivité, une semaine avant sa présentation officielle aux médias, le contenu du rapport d’Amnesty International intitulé «L’ombre de l’impunité : la torture au Maroc et au Sahara Occidental» qui a confirmé le recours à la torture et autres mauvais traitements utilisés par les forces de police marocaines, en particulier lors des gardes à vue et des interrogatoires. Algeriepatriotique revient sur ce rapport à la lumière d'un fait nouveau : le témoignage recueilli par Mediapart qui a joint par téléphone, lundi 18 mai, Souad Redaouia, la sœur d’Abdelaziz Redaoui, un Franco-Algérien, dont le rapport d’Amnesty International a signalé qu’il a été «arrêté et torturé au Maroc en décembre 2013, alors qu’il y était en vacances avec des amis. Forcé à signer des aveux qu’il n’a pas pu lire, Abdelaziz a été condamné à une peine de deux ans pour trafic de stupéfiants, il est toujours en prison». Les autorités marocaines ont tenté de fuir leurs responsabilités en alléguant (dans un document cité par Mediapart) qu’Abdelaziz Redaoui n’a subi ni tortures ni mauvais traitement, et ont voulu en donner pour preuve le fait que le détenu ne s’en est pas plaint «ni devant le procureur ni devant le tribunal», ce qu’aurait confirmé l’avocat de l’intéressé. Le Makhzen prétend que «le concerné a bénéficié de tous ses droits garantis par les règles du procès équitable, notamment en période de garde à vue». Le site français d’actualité en ligne a donc recueilli le témoignage de la sœur de Souad Redaoui qui s’inscrit en faux contre ces allégations. Dans sa communication téléphonique avec la rédaction de Mediapart, elle rétablit la vérité sur le sort de son frère : «Il faut savoir par exemple que nous avons dû changer deux fois d'avocat, car aucun ne traitait avec attention le dossier de mon frère. Son avocat actuel ne nous répond même plus au téléphone. La vérité, c'est qu'Abdelaziz a été arrêté dans un billard en décembre 2013 avec trois autres amis. Les policiers lui ont bandé les yeux, l'ont fait monter dans un 4×4. A partir de là, les tortures ont commencé, il a été noyé, pendu, a reçu des décharges électriques dans les parties intimes. Tout ça pour le forcer à avouer des choses dont il n'était pas coupable. Pour le procès-verbal, il était en arabe dialectal, mon frère ne pouvait donc pas le lire, car il n'y avait pas d'interprète, contrairement à ce qu'affirment les autorités marocaines.» C’est son frère qui a tenu à ce que la vérité soit faite sur son dossier et sur les traitements qu'il a subis, explique-t-elle, bien qu’il soit libérable à la fin de l'année. Il n’a pas cherché à «se tenir tranquille en attendant que les derniers mois de sa peine ne se passent», précise-t-elle à Mediapart. Une avalanche de rapports établis par des organisations internationales confirme la pratique de la torture par les autorités marocaines contre les opposants et particulièrement les militants sahraouis qui luttent pour le droit à l’autodétermination et à l’indépendance de leur pays occupé par le Maroc.
Houari Achouri
 

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