Un ex-cadre de Khalifa Bank : «L’argent circulait sans traçabilité»

Le directeur général adjoint chargé de la caisse principale de la banque Khalifa, Youcef Akli, a admis ce jeudi devant le tribunal criminel de Blida qu’il répondait à des «instructions verbales» de la part d’Abdelmoumène Khalifa, lui demandant de remettre des sommes d’argent, en devise et en dinar, ce qui a généré un mouvement d’argent sans traçabilité, rapporte l’APS. Intervenant en tant que témoin dans le procès Khalifa, après avoir comparu en tant qu’accusé en 2007 et purgé sa peine, Youcef Akli a révélé avoir répondu à des «demandes de la part de Rafik Abdelmoumène Khalifa consistant à remettre à sa disposition des sommes d’argent», ajoutant que «des instructions lui ont été formulées pour répondre favorablement aux demandes émanant aussi d’autres responsables activant au sein du groupe». Ces responsables sont Hafid Chachoua, directeur général de la sécurité et du transfert d’argent entre les agences, Salim Bouabdallah, Conseiller du PDG et Smaïl Krim, adjoint du PDG. Le témoin a indiqué avoir remis des sommes allant de 1 milliard de centimes à 8 millions d’euros à des personnes qui lui ont été envoyées par Abdelmoumène Khalifa «sans que soit enregistré le mouvement d’argent». Youcef Akli, ancien fonctionnaire à la BDL avant la création de Khalifa Bank, explique au juge qu’il se contentait de «noter sur un bout de papier les sommes d’argent qui rentraient et sortaient de la caisse», soulignant que «la caisse principale de la banque n’a jamais été inspectée» pour des raisons qu’il dit «ignorer». Le même témoin a déclaré, par ailleurs, avoir reçu «une instruction» de la part d’Abdelmoumène Khalifa, à travers Hafid Chachoua, lui demandant de «régler» le problème du «trou financier estimé à 3,2 milliards de dinars, découvert dans les comptes de la banque». Les propos de Youcef Akli ont été niés par l’accusé principal, Rafik Abdelmoumène Khalifa, les qualifiant de «déclarations nouvelles, illogiques et qui ne sont pas applicables techniquement». Abdelmoumène Khalifa a alors posé la question suivante : «Comment se fait-il qu’un directeur d’une banque autorise des retraits d’argent sans document alors que telles pratiques mènent inéluctablement vers la faillite ?». Ce à quoi le témoin a répondu en déclarant avoir «remis des sacs d’argent et des colis contenant de l’argent pour toute personne qui le sollicitait de la part du PDG du groupe, Abdelmoumène Khalifa». La séance de ce jeudi a était réservée à l’audition des témoins, qui ont comparu en tant qu’accusés lors du procès de 2007. D’autres témoins comparaîtront dans la journée de samedi alors que d’autres seront entendus ultérieurement. La séance de dimanche prochain verra la comparution de Mohamed Djellab, en sa qualité d’ancien administrateur à Khalifa Bank, ainsi que d’Abdelaziz Khalifa, le frère d’Abdelmoumène, en sa qualité d’actionnaire dans la banque Khalifa, et Nadjia Aiouaz, la secrétaire personnelle d’Abdelmoumène Khalifa. Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie, et son assistant Ali Touati, présenteront leur témoignage lundi. Mohamed Khemoudj, ancien directeur général d’inspection à la Banque d’Algérie sera également entendu par le juge Antar Menouar.
R. N.

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