Sofiane Djilali : «Le pouvoir semble sortir de sa torpeur»
Le président du parti Jil Jadid, Sofiane Djilali, réagit aux derniers changements opérés à la tête de plusieurs grandes entreprises publiques et établissements financiers. Sous le titre «Sabah el-kheir Monsieur Sellal !», Sofiane Djilali évoque un réveil tardif qui intervient après un précieux temps perdu dans la dilapidation des deniers publics. «Après de longs mois de déni de la réalité, choqué par la chute imprévue du prix du pétrole, le pouvoir semble sortir de sa torpeur. C’est qu’il revient de loin !» a souligné le responsable d’un parti politique de l’opposition qui milite pour une période de transition démocratique. «Après avoir dilapidé les biens de la nation, pioché sans aucune précaution dans les caisses de l’Etat, distribué à tout vent l’argent public sans aucun contrôle et en dehors de toute loi, enrichi les copains et les coquins, acheté la paix sociale en cultivant la corruption des âmes et des esprits, voilà que ces messieurs s’inquiètent pour l’avenir de nos réserves de change tout en nous annonçant un futur endettement», a-t-il ironisé. Sofiane Djilali a précisé que Sellal en 2014, alors «directeur de campagne d’un candidat fantôme, promettait monts et merveilles à des auditoires crédules, assurant que la crise ne nous concerne pas, que Mascara allait devenir la Californie, que nous allons construire deux millions de logements, que nous allons créer des millions d’emplois… Qu’il était facile de dire aux jeunes : "Vous avez l’argent de l’Ansej pour vous marier !". Que du vent !» Pour le président de Jil Jadid, il n’y a pas grand-chose à espérer de dirigeants qui ont, en 15 ans, mis à exécution un plan de dissolution de la société algérienne (mensonges d’Etat, trafic, corruption généralisée, prédation systémique, destruction de l’école et de l’université, détournements de deniers publics et du foncier, etc.). Pour lui, l’Algérie est entrée dans la dernière phase de ce plan, à travers la destruction de l’Etat. «Maintenir à la tête de l’Etat un homme qui a été à la source de l’échec national durant trois mandats en dirigeant le pays comme sa propriété privée, tout en cultivant le culte totémique, était un acte gravissime. L’ampleur de ce complot destructif apparaît dans toute sa laideur à travers le maintien de Bouteflika au pouvoir sur un fauteuil roulant. Maintenant que le désastre pointe à l’horizon, que la casse sera inéluctable, le pouvoir nous promet de consommer (pour lui, bien entendu) jusqu’au dernier centime les avoirs du pays, puis de nous endetter de nouveau.» Sofiane Djilali estime qu’il y a des signes d’un pouvoir qui affiche pleinement sa volonté de continuer à diriger le pays. Et, selon lui, si les Algériens ne veulent pas réagir et prendre leur responsabilité, «ce pouvoir ne lâchera le pays qu’une fois rongé comme le sont ces victimes tombées dans des eaux infestées de piranhas».
Sonia Baker