Les musulmans de France à Hollande et Sarkozy : «Nous exigeons le droit d’organiser notre culte !»

L'Alliance nationale des associations des Algériens de France (Anaaf) a rapidement réagi à l’initiative du gouvernement français, et celle de son opposition, de relancer le dossier de l’islam en France – la journée d'étude, organisée le 4 juin, par la formation politique de Sarkozy, «Les Républicains», et la convocation, sous l'autorité du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur chargé des Cultes, pour le 15 juin, de l'Instance de dialogue –, les considérant toutes deux comme une «atteinte grave au respect du droit à l’égalité et des libertés de conscience, d’expression et d’association». Dans un communiqué de son bureau exécutif, envoyé à la rédaction d’Algeriepatriotique, l’Anaaf dénonce la double tentative de se servir de ce dossier, «une fois de plus, comme bouée électorale pour conserver ou récupérer le pourvoir en France». Dans cette situation, le bureau exécutif de l'Anaaf estime que «les musulmans de France doivent être libres d'organiser leur culte, avec civisme, comme ils l’entendent, dans le respect de la loi et de l’ordre public» en se saisissant de la chance qu’offre la laïcité «dans la mesure où elle leur assure leur liberté religieuse sans aucune discrimination». L'Anaaf refuse que le culte musulman et son organisation soient «exclusivement gérés, contrôlés et verrouillés par un système administratif qui rappelle l'époque coloniale en Algérie». Elle exige qu’il soit mis fin immédiatement à cette gestion politique du culte musulman en France. Alors que cette opération se fait «sur le dos des musulmans et de leur culte en France», l’Anaaf constate et déplore leur silence. Le communiqué estime que les musulmans de France – plus de six millions de citoyens de la République française – doivent surmonter leurs divisions et «parler d'une même voix», et les appelle à agir, au moment où «l'hypothèse d'une étoile verte pourrait se profiler à l'horizon, remplaçant la jaune de l'époque nazie, conduisant à la mort de la paix sociale et à des nuits de Cristal en perspective dont ils seraient les seuls sacrifiés», faisant allusion à l’action islamophobe engagée par Robert Menard à Béziers dont il est le maire, consistant à ficher les musulmans dans une démarche discriminatoire et raciste évidente. «L'intolérance et le rejet de l'islam en France relèvent d'une petite fraction de l'opinion française qui a toujours été et restera raciste, xénophobe et anti-musulmane», souligne l’Anaaf. Face à cette menace, elle juge qu’«il est urgent que les musulmans, notamment ceux de la diaspora algérienne, se mobilisent comme citoyens, dans le cadre de la loi, prennent la parole fermement pour que certaines formations politiques, relayées au niveau de leurs discours par certains médias, cessent de s'en servir comme boucs émissaires ou de bouée de sauvetage au gré des humeurs électoralistes ou d’événements internationaux sur lesquels ils n’ont aucune prise». Pour l’Anaaf, la diaspora algérienne, qui compte plusieurs millions de citoyens, peut faire basculer le rapport de force, déterminant en démocratie, selon elle. Elle appelle les Algériens de France à «s’organiser pour se faire entendre et respecter» et leur suggère de «constituer un lobby de communication médiatique et politiquement neutre, destiné à défendre ses membres contre tout propos haineux, islamophobe, raciste ou toute discrimination dévastatrice pour leur équilibre social et économique en France». Il n’y a pas d’autre choix, insiste le bureau exécutif de Anaaf dans son communiqué.
Houari Achouri
 

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