Frappes aériennes à nos frontières est : l’armée américaine se prépare-t-elle à occuper la Libye ?

Les Etats-Unis ont-ils utilisé le prétexte Mokhtar Belmokhtar pour frapper en Libye ? Ce nouveau fait pourrait indiquer que le plan échafaudé par l'Otan passe à une nouvelle phase après, au départ, la provocation d'un soulèvement dans le pays dans le sillage du «printemps arabe», en 2011, suivi immédiatement par le renversement de Kadhafi et son assassinat dans les conditions abjectes que l’on sait. La troisième phase a consisté en la création de milices pour amener les Libyens à s'entretuer et, dans ce chaos, l’encouragement des extrémistes islamistes au détriment des autres factions, conduisant ainsi à l’implantation du terrorisme dans le pays et à sa propagation dans les pays limitrophes. Les frappes aériennes américaines pourraient être le prélude à une invasion terrestre et une occupation de la Libye pour de longues années, même si, pour le moment, aucun militaire américain n'a été déployé au sol dans ce pays. L’éventualité de la transformation de la Libye en un Irak-bis est suggérée par les nombreuses similitudes avec ce pays, arabe lui aussi, vaste, riche en hydrocarbures, qui a vécu sous le joug d’une dictature pluridécennale, qui a enregistré peu d'avancées sociales sous le règne des anciens régimes autocratiques et qui est, donc, vulnérable à la colonisation, outre une position géostratégique adéquate aux objectifs ciblés par les Etats-Unis. Dans le cas de la Libye, c'est toute la région du Maghreb et du Sahel qui est visée. Les pays voisins ont sans doute pris conscience de ce risque et l’ont mesuré à ses justes dimensions puisque, dernièrement, selon l’agence Xinhua citant une source diplomatique algérienne, des responsables militaires algériens, tunisiens et égyptiens ont décidé de prêter main forte à l'armée régulière de Libye dans sa lutte contre les groupes terroristes. Cela permettrait à l'armée libyenne d’être soutenue en matière d'armes, de munitions et de renseignements. Il faut rappeler que, fin mai, le groupe terroriste Daech a pris le contrôle de l'aéroport de Syrte, à l'est de Tripoli, laissant craindre une avancée fulgurante dans le reste du pays. Les trois pays voisins de la Libye ont engagé une course contre la montre pour tenter d’écarter le risque d’une intervention militaire américaine plus poussée dans ce pays en proie à la guerre civile. Mais il sera difficile d’y parvenir dans le cas où Washington envisagerait réellement de rééditer le scénario irakien à nos frontières. Ce qui serait une véritable catastrophe non seulement pour le Maghreb mais aussi pour le sud de l’Europe qui fait déjà face à une migration clandestine impossible à juguler.
Houari Achouri

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