L’ex-président français rencontre le roi du Maroc cette semaine : Sarkozy choisit son camp

La «tournée» arabe d’un candidat à une présidentielle française a toujours une signification politique. Quand elle commence par le Maghreb, le choix du pays qui l’inaugure est une indication de premier plan sur les intentions du candidat en matière de relations avec cet ensemble. Nicolas Sarkozy ouvre celle de 2017 par le Maroc où il se rendra au courant de la semaine prochaine. On ne sait pas si l’étape suivante sera l’Algérie ou même s’il viendra dans notre pays auquel il tient rigueur de ne pas l'avoir soutenu dans son intervention armée en Libye. De toute façon, son choix est fait. Pour Sarkozy, il semble bien que le Maroc passe avant l'Algérie. Voici ce qu'il a dit de Mohammed VI, samedi dernier, alors qu’il intervenait sur le thème de la Méditerranée : «Au Maroc, heureusement qu’on a un grand roi, qui a nommé un Premier ministre islamique, mais qui tient le Maroc.» Avec l’Algérie, durant le mandat de Sarkozy, certains observateurs n’hésitent pas à parler d’une relation glaciale, rappelant ses interventions sur la question sensible pour les Algériens de la guerre de Libération quand il a exprimé sa reconnaissance aux harkis. En fait, on ne peut pas dire qu’au départ Sarkozy était hostile à l’Algérie. Si c’était le cas, il n’aurait pas réservé à notre pays son premier déplacement hors Europe après son élection en 2007, en juillet, ce qui avait irrité le roi du Maroc. Sarkozy reviendra à Alger, cette fois pour une visite d’Etat de trois jours en décembre de la même année, mais après avoir effectué sa première visite d’Etat au Maroc, considéré comme l'allié le plus sûr de Paris en Afrique du Nord. A l’époque, les spécialistes des relations algéro-françaises avaient considéré que ce qui avait fait courir Sarkozy vers Alger, c’était les quelque 5 milliards de dollars de commandes qui devraient être signés par les industriels français pendant sa visite. Ils étaient 150 hommes d’affaires français à l’accompagner en plus des huit ministres de son gouvernement. On avait parlé aussi d’un accord de coopération nucléaire civil qui était en préparation. La grosse cagnotte que comptait ramener Sarkozy d’Alger l’a visiblement incité à faire un geste sur la question de la colonisation, en décrivant, dans un discours prononcé à l’Université de Constantine, le système colonial comme «injuste par nature», et comme «une entreprise d'asservissement et d'exploitation». A moins que le président français ne voulût se racheter après les propos peu flatteurs attribués à Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine à l’époque, qui rappelait «les convictions des véritables architectes de l'ascension de Sarkozy au pouvoir, le lobby juif qui domine les décideurs en France». C’est vers la fin de son mandat, dans le contexte de l’agression contre la Libye – qui sera ponctué par l’assassinat de Mouammar Kadhafi – que les divergences éclateront entre Sarkozy et l’Algérie. En septembre 2011, il aurait répondu à Moustapha Abdeljalil, président du Conseil national de transition libyen (CNT), qui se plaignait de l’Algérie : «Patientez, et vous verrez ce qu’il va se passer en Algérie dans un an.» Il est certain que Sarkozy a de meilleures dispositions avec le Maroc où il est chez lui quand il s’y rend soit pour une visite officielle ou pour un séjour de vacances en famille. Il se rend plusieurs fois par an au Maroc où il a ses habitudes et bénéficie des largesses de Mohammed VI, qui met à sa disposition une de ses résidences royales à Marrakech. Sarkozy le lui rend bien. Au plan politique, quand il était président, il n’avait rien changé au soutien accordé au Maroc par son prédécesseur, Jacques Chirac, dans l’affaire du Sahara Occidental. Dans quelques jours, quand il rencontrera Mohammed VI, c’est sûrement la première chose que tiendra à confirmer Sarkozy. En qualifiant Mohammed VI de «grand roi», il a déjà annoncé la couleur.
Houari Achouri
 

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