FFS : «Le pays vit actuellement une dégénérescence institutionnelle»

Le Front des forces socialistes (FFS) fait un constat peu reluisant sur la situation du pays 53 ans après son indépendance. Dans une déclaration rendue publique aujourd’hui, le plus vieux parti de l’opposition évoque d’emblée la «prise brutale» du pouvoir de l’été 62 avec ses soubresauts des années 1970. Une prise brutale qui «s’est aggravée en crise nationale des années 1980 a muté en tragédie nationale des années 1990, a tourné à la fausse réconciliation et à la prédation généralisée des années 2000». Le pays est entré actuellement «dans la décennie de la cacophonie et de la dégénérescence institutionnelles». Le FFS aurait aimé que «la célébration du 53e anniversaire de l’indépendance nationale soit un moment de communion autour d’un bilan collectif et d’un projet d’avenir commun». Mais ce n’est pas le cas. Ce parti, qui œuvre inlassablement pour une conférence nationale du consensus, ne voit ni bilan collectif possible ni projet d’avenir commun. «Ce constat vaut pour les institutions nationales les plus hautes de l’Etat aussi bien que pour la plus petite commune du pays», précise cette formation qui estime que «ce n’est pas seulement le président de la République qui est “malade“, “paralysé” et “inaudible” : c’est tout le pays.» Le premier secrétaire, Mohamed Nebbou, souligne les dénonciations multiples et récurrentes des dysfonctionnements institutionnels «trop nombreux». «Du Conseil des ministres qui ne se réunit pratiquement jamais, au Parlement considéré comme une simple chambre d’enregistrement sans possibilité de constituer de commissions d’enquête sur les scandales financiers ou sur la situation au Sud ou à Ghardaïa», rien n’est omis par ce parti qui siège au Parlement avec 27 députés et un sénateur. Aussi, rappelle le premier secrétaire, «le FFS s’est élevé contre les mesures économiques prises dans un tel cadre institutionnel déliquescent, et dont la finalité, sous couvert de libéralisation du marché autant que sous couvert de protection de l’économie nationale, n’a cessé de servir des relais du clientélisme et de la corruption». Il a dénoncé l’accaparement frauduleux des richesses nationales qui «a pris une ampleur qui menace directement et indirectement la pérennité de l’Etat». Le FFS estime que le pays est devenu «ingouvernable». «L’alacrité qu’a pu louer un dirigeant étranger est seulement celle de l’argent de la rente qui coule hors de tout contrôle démocratique et celle des pans de souveraineté nationale qui glissent dans l’informel mafieux ou vers les ingérences extérieures pour une “recolonisation globalisée” à peine déguisée», dénonce cette formation politique qui revient sur l’indépendance de l’Algérie qui fut de courte durée «car la démocratie n’a pas été au rendez-vous». Le FFS met en avant la gravité de la situation. «53 ans après la proclamation de l’Indépendance nationale, l’Algérie est plus que jamais à la croisée des chemins : ou elle prendra le chemin de la construction d’un consensus national qui préserve les acquis historiques et jette les bases solides d’une volonté nationale souveraine pour faire face aux périls ou elle s’effondrera dans le fracas des divisions mortifères qui ravagent aujourd’hui de nombreux Etats du monde», prévient ce parti qui considère que «ni les nouvelles générations ni les martyrs de l’Algérie ne méritent un tel effondrement». Il souligne que le terrorisme est toujours à nos portes, menaçant.
Rafik Meddour
 

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