Ouyahia : «Pourquoi je suis revenu à la tête du RND»

Le nouveau secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, a expliqué son retour à la tête de ce parti par sa volonté de «le préparer pour les prochaines élections législatives». Dans un entretien accordé au quotidien arabophone proche des Frères musulmans, Echorouk, le directeur de cabinet de la présidence de la République a affirmé que la situation au sein du RND «est bonne», précisant qu’Abdelkader Bensalah a «œuvré à la structuration du parti» et qu’il n’a fait que «confirmer les choix» de son prédécesseur. Ahmed Ouyahia s’est dit «très optimiste» quant aux prochaines échéances électorales : «Nos chances sont très respectables (…) bien que ma priorité consiste en la réorganisation du parti sur le plan local.» A une question sur le choix des «alliances», l’ancien chef du gouvernement a répondu qu’il préférait laisser cette question «pour la grande bataille». Ahmed Ouyahia confesse que la scène politique est «très floue», avant de surprendre : «Avions-nous besoin que le président français annonce que notre président se porte bien ?» ajoutant que «certains parmi ceux qui ont critiqué les propos de François Hollande sur l’état de santé du président Bouteflika s’attendaient à ce qu’il affirmât le contraire et s’il avait déclaré que le président se portait mal, ils auraient applaudi des deux mains». Parlant de Saïd Bouteflika, Ahmed Ouyahia assure que tout ce qui se dit et s’écrit sur lui n’est que rumeurs et allégations fallacieuses. «Certains sont allés jusqu’à dire qu’il complote contre son frère Abdelaziz Bouteflika, est-ce que c’est ça la démocratie ?» se demande-t-il, qualifiant toutes ces rumeurs de comportement anarchique. Ahmed Ouyahia met en garde dans ce sillage contre le populisme, en rappelant ce qu’il s’est passé dans les années 1990. Le directeur du cabinet de la présidence de la République insiste sur la difficile situation que traverse le pays, notamment sur le plan économique. «L’Algérie a perdu la moitié de ses revenus pétroliers. C’est une réalité chiffrée. Mais est-ce que cela donne raison à ceux qui exploitent politiquement la prétendue politique d’austérité du gouvernement ? Où est l’austérité dans un pays où le prix du pain est inchangé depuis 1995 ? Le quintal de blé est subventionné, le carburant chèrement importé sur le marché international et revendu à un prix dérisoire… cela sans parler des transferts sociaux. Est-ce que tout cela ne mérite pas des explications pour le citoyen ?» affirme-t-il, assurant qu’il est prêt à présenter un bilan détaillé des dépenses des 650 milliards de dollars destinées au développement. «Celui qui a un spécialiste, je suis prêt à l’affronter dans des débats et lui prouve qu’il y a bien exagération due au populisme et à la démagogie», a-t-il souligné, assurant que l’opposition a le droit de dire ce qu’elle veut. «Nous sommes tenus de lui répondre et d’apporter les éclairages et les précisions nécessaires, et la presse entre nous pour que le peuple fasse son jugement», a-t-il insisté. Ahmed Ouyahia appelle à la responsabilité de chacun, estimant que ceux qui parlent de «milliards de dollars pillés par de hauts responsables» ne font en réalité que «jeter de l’huile sur le feu. «Si c’est vrai, qu’ils apportent la preuve et qu’ils le disent haut et fort. Mais si ce n’est pas vrai, pourquoi faire dans la clownerie politique ?» a-t-il souligné. Le chef du cabinet de la Présidence de la République affirme qu’au RND «il y a la culture de l’Etat et des institutions». Ahmed Ouyahia est revenu sur sa proposition de créer une nouvelle alliance présidentielle et les réserves émises par le secrétaire général du FLN. Pour lui, Amar Saïdani n’a pas rejeté la proposition du RND, mais il a juste apporté sa propre touche. «Comme dans le football, dans une même équipe, chacun a sa façon de jouer», a-t-il expliqué, affirmant qu’il n’a aucune passe d’armes entre lui et le SG du FLN. Abordant la question sécuritaire, le SG par intérim du RND assure que l’Algérie n’est pas à l’abri d’attentats terroristes de Daech et que la vigilance doit d’être de mise. «L’Algérie n’est pas hors du danger. Elle dispose de 7 000 kilomètres de frontières terrestres. Et aucune bande frontalière n’est sûre. Le conflit du Sahara Occidental n’est toujours pas résolu. La Mauritanie est en difficulté…», a-t-il précisé. Ahmed Ouyahia est revenu également sur la Libye et les périls terroristes qu’elle présente pour l’Algérie. On est entouré de foyers terroristes. A cela s’ajoute, selon Ouyahia, ceux qui surfent sur cette vague pour régler des comptes, évoquant dans ce sens le cas du dossier des moines de Tibehirrine. Ahmed Ouyahia estime que dans l’esprit de ces gens-là, l’Algérie n’est pas indépendante. Il rassure que le terrorisme ne fait pas peur à l’Etat qui dispose d’une armée forte capable de défendre le pays. Il demande, en revanche, aux partis politiques de chercher un meilleur emballage pour vendre leur «marchandise». Sur la révision de la Constitution, Ahmed Ouyahia assure que le processus est en marche. Le chef du cabinet de la Présidence de la République affirme, en revanche, que la révision de la Constitution n’est pas une urgence à l’heure actuelle, estimant que la relance de l’économie nationale est la priorité du gouvernement.
Sonia Baker

Pas de commentaires! Soyez le premier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.