Saïdani et Beethoven

Saïdani, musicien de réputation internationale, a rompu le contrat qui le lie à l’orchestre symphonique d’Alger pour tenir les cuivres dans l’interprétation de la 9e symphonie de Beethoven «Hymne à la joie» dont le chant arrangé est :
Ah ! Quel magnifique rêve
Vient illuminer mes yeux
Quel brillant soleil se lève
Au parti et dans mes yeux
Temps prédit par mes ancêtres
Temps sacré et MOI enfin
Qui suis nul et puis sans être
La conscience du citoyen.
Après cette introduction, poursuivons :
Suite à la plainte du ministère de la Musique, le juge du tribunal de Sidi M’hamed a condamné Saïdani à une peine légère :
– vu l’article 22 du Code civil,
– vu ses diplômes trafiqués et spécialiste en jeux troubles,
– vu sa tête de boxeur et son poignet bandé,
– vu la tête kroutchevienne du sieur Belayat, gentil comme tout mais vigilant,
Au nom du peuple algérien :
Condamne le sieur Saïdani à un mois de prison avec sursis, une semaine de travaux d’utilité publique : s’occuper avec la main gauche à donner de la mie de pain aux pigeons de la Grande-Poste.
Pour rappel, Saïdani avait remis un faux certificat de maladie signé par le médecin du FLN pour cause du poignet droit cassé lors d’une bagarre avec Belayat.
Abderrahmane Belayat nie s’être bagarré avec Saïdani et avance des preuves crédibles.
Le Bureau politique du FLN décide d’une enquête confiée à ses services de la cellule 3/S. Après l’enquête soigneusement diligentée, il apparaît que c’est Belkhadem qui a payé un baltagui de Tiaret afin d’agresser Saïdani.
Le BP du FLN a immédiatement pris des mesures pour que cela ne se renouvelle pas :
A – Deux caméras ont été installées dans le jardin de Saïdani, rue du Tam-tam à Hydra et deux gardes affectés avec kalachnikov et lance-roquettes.
B – Un budget pour le creusement d’un tunnel a été également voté pour relier directement la chambre à coucher de Saïdani à son bureau.
L’affaire tient en haleine Abdelkader Hadjar, Abderrahmane Belayat et l’ensemble des militants.
Une semaine passe.
Exécutant la peine, Saïdani donne à «bouffer» aux pigeons, place de la Grande-Poste. Un militant du FLN de passage aborde en colère un vieil homme assis sur un banc :
– Il va mourir le pauvre avec cette chaleur et son poignet cassé.
– Maâlihch (qu’importe), répond le vieux, même mort il servira.
A. Z.
Ancien militant du FLN 1968-1974, Alger, Kasma 2, cellule 1, carte n° 16221, du temps de Kaïd Ahmed, le brave, l’homme de culture, qui croyait au FLN.
P. S. : Nous apprenons également par l’AFP qu’à la demande du général Toufik, le GIGN français à procédé à la fouille de la société immobilière de Saïdani sise 48, rue de la Bienfaisance, Paris, 75008. Les tickets de caisse n’ont pas été retrouvés mais, par contre, il a été trouvé une derbouka ciselée en or que l’émir du Koweït avait offerte à Saïdani lors d’une chasse à l’outarde du côté de Megtaâ Erras, une propriété appartenant à Saïdani. Son esprit du lucre et sa frénésie pour s’enrichir sont plus fort que l’amour pour la patrie ou son amour-propre. Ses ambitions le font basculer dans des acrobaties dignes du cirque Amar.

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